Verbal de Belleroche et Balmont


Ce jourd’huy vendredy vingt huitiesme du mois de may sur les dix heures du mattin mil six cent quarante neuf, Je Hierosme de la Bruyère, commis à la recepte des tailles de l’eslection de Roanne de l’année mil six cent quarante sept, me suis transporté en la paroisse de Belleroche assisté de Mr Estienne de La Vallée premier huissier audiencier en ladict eslection et de Mr Benoist Devaulx archer en la paroisse de Roanne et de Georges Rigaud dudict Roanne pour faire contraindre le consul et collecteur des tailles de lad. paroisse de lad. année mil six cent quarante sept qui sont en reste de la somme de deux mil huict cent deux livres quinze sols et qui n’ont faict aucun payment à lad. recepte despuis le vingt sixiesme fébvrier de l’année mil six cent quarante huict quelles diligences et poursuittes qu’on ayt pu faire contre eulx,

Ou estant et à l’aproche du bourg on auroit ouy une voix d’un homme qui descendoit d’une montaigne prochaine qui crioit aux habitants “aux armes, aux armes, voycy ces voleurs qui viennent lever la taille, il les fault tuer TUE, TUE, TUE”

Pendant lequel temps nous sommes entrés dans la maison d’Anthoine Fogerard, dict Chouzeville, consul et leveur de taille dud. lieu de lad. année dernière mil six cent quarante huict pour luy faire commandement de payer la somme de cent deux livres vingt sols qu’il doibs à lad. recepte pour la première estappe imposée en lad. paroisse, lad. année dernière mil six cent quarante huict,

Lequel nous auroit dict en reniant le St nom de Dieu qu’il nous trouvait bien hardy à de venir ainsy demander la taille et que Monsieur le Marquis de Varennes seigneur de lad. paroisse luy avoit faict desfense de ne rien en payer,

Et que voulant mettre son roolle à exécution l’avoit faict mettre prisonnier dans une des tours de son chasteau, là ou il a esté détenu pendant le temps de neuf sepmaines avec une rigueur si grande qu’il n’a esté alimenté que de pain et d’eau et que son fils estant venu au commencement de sa dicte detention en lad. prison luy apporter des vivres ledict seigneur auroit commandé de l’enfermer avec luy et ou il a tousjours de mesme demeuré.

Qu’il nous conseilloit en amy de nous retirer et qu’on estoit adverty au bourg dud. lieu de nostre venue et qu’on ne manqueroit pas de nous venir assieger chez luy, ayant ouy commander par led. seigneur de Varennes à ses domestiques et habitants du dict lieu de ne souffrir aucun huissier ou sergent ny qu’il fut faict aucune levée de deniers dans ses terres

Et que les premiers qui y viendroient, que l’on les traitat comme les bouchers font d’un boeuf, à bons coups de barre et de bastons et qu’il se mocquoit de tous les

Pendant lequel discours, allant sur le pas de la porte de lad. maison j’ay vu descendre du dict bourg, cinquante ou soixante personnes armées de fusils ou arquebuses qui venoient criant et disant “TUE, TUE”

Ce que voyant et qu’il y avoit du danger de nos vies attandu la quantité de personnes, nous sommes montés à cheval pour nous retirer au lieu de Balmont distant du dict Belleroche d’une grande lieue et pendant la moytié duquel chemin nous avons esté poursuivi de quantité des dicts hommes armés de fusils qui crioient à tous les voysins et aux personnes qui estoient dans les terres en la campagne “arrestez ces voleurs, il les fault tuer”.

Et nous auroient tiré quantité de coups de fusils et de pierre contre nos personnes ce qui nous a obligé de nous retirer et de dresser le présent verbal pour servir et valloir ce que de raison, en présence des dicts De la Vallée, Devaux et Rigaud,

Et poursuivant nostre chemin pour aller au bourg dud. lieu de Balmont pour faire contraindre Jean Duperron, dict Dubuy, consul et leveur de tailles dud. Balmont de lad. année mil six cent quarante sept au payment de la somme de quatre mil cinq cent vingt trois livres dix neuf sols qu’ils doibvent de lad. année mil six cent qurante sept.

Les habitants dud. lieu se sont assemblés au bruict que faisoient ceulx dud. Belleroche et venant au devant de nous hors dud. bourg, armés de fusils, arquebuses, ce que voyant, nous avons pris un chemin de traverse qui va à St Irénée de Roche en Masconnois pour sauver nos vies et nous sommes retirés comme dessus et dressé le présent verbal en présence desd. De la Vallée, Devaulx et Rigaud, lesquels De la Vallée et Devaulx ont signé avec nous et non le dict Rigaud pour ne scavoir enquis.

Archives départementales du Rhône
série C 475