Correspondance échangée entre les Régisseurs généraux à Paris et Monsieur de Gouvenain à la Manufacture de Thiers


M. de Gouvenain                            Paris, le 16 juin 1785
Controleur de la Manufacture
de Thiers

Aussitôt la réception, Monsieur, de votre lettre du 23 may qui nous prévient du naufrage d’un des bateaux chargé de nos papiers, des soins que vous vous êtes donnés conjointement avec Mrs Desbordes et Dufour pour réparer autant qu’il étoit possible le dommage, nous avons écrit à M. Mallet et en lui prescrivant de se conformer à ce que vous lui avez marqué pour les précautions à prendre, nous l’avons chargé de faire dresser procès verbal de l’état des papiers aussitôt l’arrivée. Ce Direteur par sa réponse du 12 nous annonce (2) qu’ils lui sont parvenus le 9, qu’il a fait procéder aussitôt au plus severe examen des 49 balots naufragés tant en présence des mariniers et des controlleurs et commis que d’un Maître cartier qu’il a fait appeller.

Que veriffication faite du tout, il ne s’en est trouvé que les premières feuilles de dessus les paquets qui ayent souffert, l’intérieur étant extrémement sec, et que cette avarie constatée par le Procès verbal dont il nous a fait passer copie, ne se trouve être que de deux rames et qu’il en a fait payer le prix marchand aux Mariniers.

D’après la lecture que nous en avons prise du procès verbal qu’ont fait dresser les S.rs Ramin et (3) Baucherel de ce Naufrage, il paroit que cet accident ne provient pas de leur faute, en conséquence nous autorisons le Directeur d’Orléans à passer en dépense dans ses comptes non seulement les 37 - 4 de frais qu’on occasionnés la vériffication de ces papiers, mais encore les 46- 18 auxquels monte ceux faits au lieu du naufrage en conformité de l’état que nous en avons fait passer Mr Dufour et qui lui seront remboursés par Malet vous pouvés en prévenir les entrepreneurs.

Les Régisseurs Généraux
Lemaistre - Sanlot


M. de Gouvenain                                         Thiers, le 24 juin 1785
Controleur de la Manufacture
de Thiers

Paris, ce 5 juillet 1785

J’ai reçu par le même ordinaire la boete contenant les 250 filigranes neufs que vous m’annoncez &,

Nous avons également tous lieu de craindre, Monsieur que l’avarie des 48 balots ne se réduise pas comme nous l’a annoncé M. Malet à deux rames de papiers et en vérifiant très scrupuleusement à Paris  comme on va le faire toute la partie naufragée, nous apprehendons fort qu’on n’en trouve beaucoup de feuilles tachées qui seront totalement hors de service. Le  besoin que les M. er Cartier ont de papier dans ces moment ci pour leur collage,  ne permet pas à la compteuse de s’occuper de ce triage ; mais dès qu’ils seront approvisionnés elle s’y livrera entièrement et nous pourront alors connoître quel en sera le résultat. Au premier apperçu qui a été fait (5) de quelques paquets, on a découvert beaucoup de taches d’eau qui ont jauni le papier et certainement toutes les feuilles de cette espèce ne pourront pas être délivrées. Notre intention est, lorsqu’on aura procédé au compte de la totalité, de faire consommer promptement tout celui qui sera reconnu propre à la fabrication et on le délivrera successivement aux M° cartiers afin qu’il ne séjourne pas longtemps dans le magazin.

Ci-joint ma reconnoissance des 250 filigranes. Signé de Gouvenain

Nous avons trouvé joint à votre lettre cette reconnoissance

Les régisseurs généraux
Bonnefin - Sanlot - Erbevine - Bonnefin


(6) M. de Gouvenain                            Thiers, le 4 juillet 1785
Controleur de la Manufacture
de Thiers

Paris, ce 12 juillet 1785

Suivant toute apparence l’été sera sec et la fabrication de vos papiers très médiocre pendant cette saison &

Nous ne voyons pas sans peine, Monsieur, le tableau que vous nous faites des inconvénients résultant des basses eaux si elles continuent,

Il est d’autant plus inquiétant pour nous que nous avons le plus grand intérêt de faire accroitre la fabrication de manière que nous puissions avoir du papier en approvisionnement bien au delà des quantités déterminées pour le service des bureaux qu’alimente Thiers. Pour obvier au mal, il est sans difficulté qu’il seroit à désirer que nous eussions des fabriques où les eaux fussent plus abondantes, mais en existe-il à Thiers qui par leur construction puissent nous convenir et assurer notre tranquilité ?

L’expédient que vous nous proposez de monter un (7) plus grand nombre de cuves dans les tems où les eaux sont abondantes accéleroit sans contre dit les moulages et pourroit opérer notre tranquilité, mais nous envisageons beaucoup d’inconvénients à permettre dans nos fabriques qu’on y fasse du papier libre quoique d’une dimension différente : au surplus nous verrons dans quelques tems le party que nous jugerons convenable de prendre pour nous affranchir des inquiétudes que ces ralentissements peuvent nous donner.

Le bordereau de scituation de la manufacture et du magazin au 1er de ce mois ainsy que la copie du récépissé des papiers se trouvent joints à la lettre que j’ai l’honneur de vous écrire. Signé de Gouvenain.

Votre bordereau de situation de la Manufacture et du magazin pendant le mois dernier ainsy que la copie de votre récépissé des quantités de papier entrées pendant le même tems nous sont parvenus avec votre lettre.

Signé : Les Régisseurs Généraux : Bonnefin - Bonnefin - Sanlot - Lemaitre - Erbevine.



(8) M. de Gouvenain, controleur à Thiers, le 5 aoust 1785

Paris, le 18 aoust 1785

Messieurs,

J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint tant le bordereau de scituation de cette manufacture et du magasin de la Régie que de la copie du récépissé que j’ai remis à Mr. Dufour pour raison des papiers qui sont entrés en magasin. La sécheresse ne fait qu’augmenter chaque jour il n’y a plus dans cette manufacture de matière préparée (9) Les fabriques de papier de la ville de Thiers étant toutes construites sur la même rivière sont égallement sujettes à manquer d’eau. & Signé Gouvenain

Nous avons trouvé joint à votre lettre Monsieur le bordereau de situation de la manufacture et du magasin pendant le mois dernier ainsi que la copie de votre récépissé des quantités de rames de papier que vous avés reçues pendant le même tems.

Il est fort à désirer que cette sécheresse n’ait pas de longues suittes ce en égard au besoin que nous avons de papier et nous vous recommandons (9) de nous informer du moment que les eaux seront plus abondantes et que la fabrication du papier aura repris son cours.
 
Nous nous entendront incessamment avec Mr. Dufour sur la proposition que vous nous faites et si elle peut remplir nos vues, nous leur feront connoître qu’elle sera la quantité de papier dont nous aurons besoin au delà de celle déterminée.

Les Régisseurs généraux

Miron - Lemaistre - Sanlot



(10) M. de Gouvenain, controleur de                               Thiers, le 7bre 1785
la manufacture de Thiers
Paris, le 4 8bre 1785

Les moulages du mois dernier n’ont été interrompus que pendant sept jours après lesquels les travaux des cuves ont été entretenus par la refonte journalière des papiers defectueux. & Les papiers provenant des cassés refondus retiennent difficilement la colle, il en a été préparé de cette espèce dans le courant d’août parmi lesquels il s’en trouvé en différents endroits plusieurs feuilles très fluentes quoique lesd. papiers (11) ayent été collés avec de bonne colle par un tems favorable j’y ai donné tous mes soins

Comme depuis la datte de votre lettre, Monsieur, les eaux se sont accrues, nous avons tout lieu d’espérer que la fabrication aura repris de l’activité et par conséquent les moulages. Votre première nous instruira si nos conjectures étoient fondées.

Vous ne sauriés trop apporter d’attention à ce qu’il ne se glisse pas de papier de cette espèce, parce qu’aux termes du marché fait avec Mrs les entrepreneurs, ils doivent nous fournir du papier bon loyal et marchand et propre à la (11) à la fabrication  ; celui qui est fluant n’est donc pas admissible ; mais si malgré tous les soins que vous prenés il s’en introduisoit de cette espèce dans les paquets et que les maitres cartiers s’en plaignissent, nous ne pourrions pas nous dispenser de le laisser pour le compte de Mrs les Entrepreneurs et c‘est ce qui vient d’arriver à Paris lors des premières livraisons qui ont été faites sur le papier qui nous est parvenu cette année. Il s’en est trouvé sur celui destiné au moulage une très grande quantité qui au moitissage s’en alloit en pourriture. Vous devés bien penser que nous l’avons remplacé sur le champ ; mais nous appréhendons que ceux auxquels nous en avons délivré de cette espèce pour les points n’éprouvent, lorsqu’ils employeront ces matières des décolages considérables. Il est bon de vous prévenir en même tems que ce papier ne fait point partie de celui avarié ; attendu que nous l’avons mis à part dans le magazin pour en faire le triage lorsque les redevables seront entièrement approvisionnés.

J’ai l’honneur de joindre ici, Messieurs tans le bordereau (12) de scituation de cette manufacture et du magazin que la copie du récépissé des papiers qui sont entrés en magazin pendant le mois d’août. Signé de Gouvenain

Ce bordereau de situation de la manufacture et du magazin  (12) pendant le mois d’août, nous est parvenu avec votre lettre ainsy que la copie de votre récépissé des quantités de papiers qui y sont entrés.

Vous n’avéz pas de tems à perdre pour nous faire passer le surplus de l’approvisionement du bureau de Paris si vous n’avéz pas effectué cet envoy avant la réception de la présente attendu que le magazin se vuide et qu’il est essentiel de profiter du peu de beau tems qui reste pour que ces 4000 rames nous parviennent en bon état.

Les Régisseurs généraux.


(13) M. de Gouvenain, controleur                Thiers, 3 8bre 1785
de la manufacture de Thiers

J’ai l’honneur de vous adresser ci joint la copie du récépissé des papiers que j’ai remis à Mrs  Dufour ainsy que le bordereau de situation de la manufacture du magazin Comme nous entrons dans une saison ou les pluys sont ordinairement plus abondantes il est a pressumer que les travaux des cuves ne seront plus interrompus. La Veuve Nourrisson a fait hazardeu.....  dans les premiers jours de 7bre un collage qui n’a pas eu le moindre succès. J’aurai l’honneur de vous faire passer incessamment, Messieurs, le surplus de l’approvisionnement du bureau de Paris. Signé : de Gouvenain

Nous avons reçu, Monsieur, avec votre lettre le bordereau de scituation de la manufacture et du magazin ainsy que la copie de votre récépissé des quantités de papier qui y sont entrées pendant le même tems

Tout nous porte à croire que les eaux sont maintenant plus abondantes et qu’il aura été possible par conséquent de reprendre les travaux que l’extrême sécheresse avoit interrompus, vous nous en informerez aussitôt, parce qu’il nous importe beaucoup de scavoir les cuves en activité.

Si cette fabricante avoit profité (14) de l’avis que vous lui avez donné, elle n’eut point éprouvé la perte qu’elle va éprouver sur ces 80 rames. Vous avez très bien fait de les faire mettre à part et nous vous recommandons de veiller à ce qu’il ne s’introduise pas du papier fluant dans les paquets que sur cette quantité devront entrer dans votre magazin.

Vous n’ignorez pas qu’il nous tarde beaucoup de voir accélérer cette expédition, attendu que le bureau de Paris a un besoin pressant de papier ainsy veillez à ce que les mariniers partent des l’instant qu’il y aura suffisamment d’eau en rivière, si contre toute attente ils n’étoient pas en route à la reception de la présente. Signé : les Régisseurs Généraux

(15) M. de Gouvenain                                           Paris, ce 14 octobre 1785
à Thiers

Nous est revenu, Monsieur, que vous aviez jugé à propos de louer en ville un appartement plus convenable pour M. M. de Gouvenain que celui qu’elle occupoit dans la papeterie de la Vve Nourisson, on nous a assuré en même tems que vous ne couchiez plus dans cette fabrique et que vous vous dispensiez par conséquent d’une des principales fonctions de votre place celle de delivrer par vous même tous les matins aux ouvriers  et de retirer de leurs mains tous les soirs les formes qui servent à mouler les papiers de la régie, vous reposant de ce soin (16) sur un domestique qui peut avoir un intérêt particulier à vous tromper : une pareille conduite est des plus blâmable et nous ne pouvons que vous en marquer notre mécontentement.

Nous ne nous bornerions pas là si nous n’étions persuadés qu’il fera sur vous l’effet que nous ................ est atteindre et que si ce fait est vrai comme il ne nous est guerres possible d’en douter, vous réfléchirez sur les conséquences d’un pareil abus et vous vous empresserez de réparer vos torts en remplissant mieux nos vues et vos devoirs ; c’est le seul moyen de conserver notre confiance.

Vous nous accuserez la reception de votre lettre

Les Régisseurs Généraux
Archives de la Médiathèque de Roanne (2C cote 5 n° 1)