Reprise de l'activité papetière à Renaison (1810-1825)
A partir de 1811 et pendant une
quarantaine d'années, les moulins à papier établis
sur le Renaison
prirent de nouvel essor . Cela est assez étonnant car le travail
était toujours basé sur des techniques et des
matériels anciens. L'enquête de 1812
souligne qu'il n'avait aucun cylindre hollandais dans les
papeteries présentes à ce moment. Mais, les
Montgolfier qui avaient
investi en édifiant des entrepots à Roanne et achetant
les papiers produits par les moulins de la région peut expliquer
ce maintien sinon cet accroissement d'activité.
De nombreux ouvriers papetiers, originaires pour la plupart d'Auvergne,
se fixèrent pendant cette période à Renaison et on
retrouve leurs noms inscrits dans les registres d'Etat-Civil de la mairie.
La Grande Papeterie
C'est donc au début de 1811 que Jean-Pierre Faye
fit repartir sa papeterie, non sans mal d'ailleurs. Les moulins ayant
été arrêtés très longtemps, il fallut
préalablement les remettre en état. Il confia cette
tâche à un charpentier originaire de Thiers du nom de
Gouttebarge. Mais le travail semble avoir été mal
exécuté et le propriétaire fut dans l'obligation
d'en passer par le notaire du lieu pour faire constater les
malfaçons et obtenir réparation. Un accord fut cependant
trouvé et la papeterie put redémarrer au début
d'avril 1811.
L'enquête adressée en 1812 au préfet de la Loire
nous indique que la papeterie possédait 51 maillets, mais aucun
cylindre hollandais. On travaillait donc toujours à l'ancienne.
A la cuve, il y avait 8 ouvriers, au triage, 8 et à
l'étendage 6
Jean-Pierre Faye et Henriette Nourrisson eurent pendant cette période deux autres enfants :
- - Jean Baptiste, né le 17 décembre 1811
- - Jean Sylvestre, né le 16 juin 1813
Le 18 novembre 1811, Pierre Combroude, originaire de Thiers et Michelle
Artaud de Valcivieres se marièrent à Renaison. A cette
date, le marié était porteur d'un passeport
intérieur délivré par la mairie de Thiers. Sans
que cela soit vraiment certain, on peut supposer que le couple
travailla à la Grande Papeterie.
Mais, la grande époque de la papeterie à l'ancienne
était bien révolue. Criblé de dettes, le couple
Faye-Nourrisson finit par être obligé de vendre la Grande
Fabrique. Cela fut fait le 12 mai 1813 par acte notarié,
rédigé par Maitre Larivière sur les lieux
mêmes et en présence en autres témoins, de
Jean Baret, huissier à Renaison. L'acheteur était un
libraire-imprimeur connu, établi Grande Rue Mercière
à Lyon, Mathieu Placide Rusand, principal
créancier. Cette vente fut faite pour le prix de 30.000 francs,
avec
faculté de rachat au bout de cinq ans. Mais il est plus
qu'improbable que les vendeurs aient pu exercer ce droit à
l'échéance, tant leur situation était devenue
difficile.
Henriette Nourrisson, qui avait connu l'époque de
prospérité de la fabrique, qui y était née, s'était battu pour sa
sauvegarde, dut être profondemment attristée en voyant de
quelle manière tout cela se terminait. Elle mourut à Renaison le 4 septembre 1814.
Puis, à une date encore inderteminée, mais avant 1826, la
Grande Papeterie devint la propriété de
François
Thibaudier, négociant à Lyon. Sur la matrice cadastrale de 1828, le revenu de la papeterie
était estimé à 190 francs.
Chez Gros Pierre
Quelques centaines de mètres plus bas, après être
passé devant la Grande Papeterie, le Renaison s'engage dans une
gorge étroite. Les hautes collines qui
dominent la
rivière tombent en à-pic sur sa rive droite (sud), ne
laissant même pas le passage à un quelconque petit
sentier. La rive
gauche (nord) est bordée par une étroite bande de terrain
plat de 20 à 30 mètrres de large, longue de quelques 300
mètres. Un mur constitué de gros blocs de pierres, haut
d'un mètre, subsiste encore tout du long, marquant l'emplacement
du beal qui alimentait la papeterie Gros Pierre. L'ensemble est
aujourd'hui envahi par la végétation et les
bâtiments sont en ruine.
C'est à cet endroit qu'à l'automne 1811 s'installa un
papetier du nom de Claude Paillon, accompagné de sa femme,
Virgine Faye et de ses enfants. Lui, était né le 10 juin
1764, fils de Martin
Pailhon et de Jeanne-Marie Peyron, papetiers de Rochetaillée.
Elle, était la fille de Pierre Faye et de Anne Jarrisse (ou
Jarry), née le 24 juin 1769 à Saint-Mamans dans la Drome.
Le couple s'était marié à Thiers le 5 thermidor an
II. Parmi les témoins figurait Jean-Pierre Faye de Renaison.
Ce n'est pas un hasard, si le couple s'installa à
Renaison, Jean-Pierre Faye, propriétaire de la
Grande Fabrique quelques cents mètres plus haut en amont était apparenté à Virgine Faye.
A son ouverture, le moulin
possédait 18 maillets et employait 8 personnes : trois à
la cuve, une au triage et quatre à l'étendage.
Trois filles de Claude Paillon et de Virgine Faye se marièrent à Renaison :
- - Jeanne-Marie se maria le 3 juin 1818 avec Maxime Ginet, papetier originaire de Chambery en Savoie.
- - Marguerite, se maria le 20 novembre 1827 avec
Claude Barret. Dans l'acte de mariage, il est précisée
qu'elle serait née à Rochetaillée le 15 messidor
de l'an VI
- - Marie Paillon se maria avec François
Remontet le 29 janvier 1828. L'acte précise de façon
quelque peu sybiline qu'elle serait née le 29 prairial de
l'ère supprimée (à Renaison ?)
De même que pour la Grande Fabrique, il eut de gros problèmes de liquidité au
moulin Grospierre. Le couple Paillon-Faye vendit le le moulin avec
faculté de rachat à un voiturier de Roanne,
François Piquot pour le prix de 11.000 francs et ceci pour
apurer certaines dettes criantes. L'acte fut rédigé par
Maître Lethier, notaire à Roanne le 7 décembre
1813.
Il faut cependant noté que sur le cadastre de 1828,
le moulin semble avoir encore été sous la direction
de la veuve Paillon, ce qui peut faire penser que le droit de rachat
fut exercer à une date indeterminée.
Claude Paillon serait décédé à Renaison le 17 mars 1815.
L'activité du moulin continua malgré tout, au moins jusqu'en 1828 sous la direction de Virgine Faye.
plan cadastral - 1828 (partie haute de la rivière)
Sur le cadastre de 1828, nous voyons trois autres papeteries
installées sur le Renaison. En voici la
liste avec les noms de leurs propriétaires et quelques autres
indications données dans les registres de l'Etat-Civil de
l'époque.
Chez Matichon
Le moulin était à quelques 500 mètres en amont de
la Grande Fabrique. Le propriétaire en était Julien
Cardin, marié avec
Pierrette Brunier. Le couple eut un enfant à Renaison, né
le 19 août 1818.
En 1828, le revenu du moulin était estimé à 60 francs
Chez Poirier
A cette époque le propriétaire en était Jacques
Nourrisson, rentier à Roanne. Il avait dû acquerir
ce moulin par échange avec un certain Vergoin qui l'avait
lui-même acquit de M. Dardat en décembre 1820
Le 2 juin 1824, Jacques Nourrisson afferma le moulin à David
Poirier. Ce dernier était papetier, fils de papetier, né
en décembre 1776 à Quincié dans le Beaujolais. La
transaction fut faite pour le prix de 800 francs à payer
annuellement. Et pour garantir le propriétaire de tous
manques ou détérioration dans les divers instruments et
machines du moulin, il en fut dressé un inventaire
détaillé.
Le
cadastre de 1828 signale que le revenu du moulin
était de 90 francs.
La Vernière
Le propriétaire était Jean-Marie Lombart, vraisemblablement originaire
du Dauphiné. Il était déjà présent
à Renaison en février 1820 lors du mariage de son
frère, Joseph (né
à Virieu en Isère) avec Marie Lebon.
Revenu du moulin : 75 francs.
Enquêtes faites par la Préfecture de la Loire :
- Enquête de 1812.
- En octobre 1829, une autre enquête fut adressée au Prefet. En voici quelques notes :
59 ouvriers travaillaient dans les cinq fabriques. Le salaire
journalier était de 2,50 francs pour les hommes et de 1,80 pour
les femmes. Le service d'une cuve nécessite 4 ouvriers
mâles et cinq femmes. L'opinion des fabricants de Renaison est
que l'invention des mécaniques pour la fabrication du papier
leur a porté un préjudice remarquable, en ce que depuis
lors le prix des drilles a doublé et le prix du papier
fabriqué a diminué de près de moitié.