Compte-rendu du concours régional de Clermont-Ferrand

Par MM. F. Maire et J. Magand - juin 1886

Messieurs,

Vous m'aviez donné pour mission, en me désignant comme délégué de la Société au Concours de Clermont, de vous rendre compte de l'exposition des animaux. Je viens donc vous donner le compte-rendu qui vous est dû.

J'ai eu la bonne fortune d'être très largement secondé dans l'accomplissement de ma tâche par notre collègue Jean Magand, ce connaisseur émérite dont la compétence m'a été d'un très grand secours et dont les lumières m'ont permis de suivre avec le plus grand intérêt, dans tous ses détails, l'exposition du bétail très nombreuse à Clermont.

Je n'ai donc qu'a reproduire dans mon rapport les appréciations et les réflexions de M. J. Magand pour vous donner une idée exacte de ce concours.

Aussi je vous prie de reporter sur notre collègue, toujours trop modeste, tout le mérite que peut avoir ce compte-rendu.
J'aborde le sujet.

L'espèce bovine était nombreuse et comprenait 376 animaux divisés en 10 catégories.

Dans la 1re catégorie, la race Salers était représentée par 75 sujets, amenés par 23 exposants, presque tous du Puy-de-Dôme.

Les taureaux offraient quelques beaux spécimens. Nous avons plus spécialement remarqué un taureau de 3 ans exposé par Mme Lenègre, de Besse, qui a eu le 1er prix de sa catégorie.

Les femelles très nombreuses étaient bien moins représentées. Nous n'y avons rien vu de mieux que ce que nous pouvons voir dans plus d'une bonne étable de nos environs et nous avons regretté que les agriculteurs de la Loire n'aient rien exposé dans cette catégorie où ils auraient lutté avec avantage.

Les vaches et les génisses étaient dans un état d'embonpoint exagéré.

Les prix ont été disputés par Mme Lenègre et MM. Amilhon, Billon et Farmond. Ce dernier a eu un prix d'ensemble.

Une chose nous a frappé dans l'exposition des Salers, c'est que les individus présentés n'ont pas entre eux cette ressemblance uniforme, ce type caractéristique de la race. Nous y voyons des physionomies tout a fait différentes ; en examinant de plus près nous arrivons a nous convaincre que tous ces animaux ne sont pas de race absolument pure. Plus d'un décèle des traces évidentes de croisement Devon et Durham.

La seconde catégorie, celle de la race d'Aubrac, ne compte que 14 animaux présentés par deux exposants.

Les animaux de M. Sinègre, qui a remporté la plupart des prix, sont remarquables mais trop gros.

Les animaux de M. Conderchet ne sont pas tous de race pure et dénotent des croisements avec le Tarentais.

Dans la troisième catégorie, race Charolaise, figurent 73 animaux provenant de 29 exposants, du Puy-de-Dôme, de la Loire et du Rhône.

Les six exposants de la Loire ont remporté dix prix sur seize décernés. Nous citerons parmi ces lauréats : M. du Chevelard, de Vougy ; MM. Jacquelin et Raynaud, de Nervieux ; M. Garnier, de Nervieux ; M. Berger, de Saint-Romain-la-Motte; M. Briançon, de Riorges.

Le prix d'ensemble a été décerné à M. Blettery, de Thizy (Rhône).

Les animaux primés, surtout les taureaux, sont beaux ; mais tout a côté figurent des sujets bien médiocres.

La race tarentaise composant la quatrième catégorie ne comprend que 18 sujets présentés par deux exposants : M. Verdelhan des Molles, de Langogne (Lozère), et M. Conderchet, du Puy, qui ont eu des succès à peu près égaux.

Nous reprocherons aux bêtes de M. Conderchet de ne pas être toutes d'une pureté de race absolue.

Nous sommes étonnés que cette race rustique, travailleuse et laiteuse ne se soit pas propagée dans notre région.

Elle y réussit pourtant très bien et les quelques sujets que nous avons rencontré dans nos concours se comportent convenablement.
Dans la montagne surtout elle serait préférable a toute autre race et nous faisons des voeux pour que notre Société avise aux moyens de la propager.

La cinquième catégorie, race du Mézenc, ne compte que 20 animaux exposés par trois éleveurs. Catégorie peu intéressante.

C'est une race qui tend à disparaître. Pas d'homogénéité dans l'ensemble des animaux exposés. Nous voyons dans certains sujets présents au concours des marques non douteuses de croisement charolais.

Les prix se partagent entre MM. Chanal et Rochette, de la Haute-Loire.

Dans la sixième catégorie sont exposés sous le nom de race Ferrandaise, 65 animaux des types les plus divers.

Nous y trouvons par ci par là quelques bonnes vaches et génisses ; mais les taureaux sont bien inférieurs.

Les prix sont bien disputés par les éleveurs du Puy-de-Dôme et se partagent entre douze lauréats.

Nous nous sommes demandés pourquoi la commission du concours avait accepté comme race tous ces animaux à pelage pie dit Ferrandais et qui n'ont pas uniformément les caractères zoologiques qui constituent la race.

Le Commissaire général du Concours nous a répondu a ce sujet, à la réunion des délégués, qu'il n'était pas d'avis d'admettre comme race le bétail dit Ferrandais, mais, qu'obligé de céder aux instances des agriculteurs du Puy-de-Dôme, il avait demandé à la Société d'agriculture de ce département, de lui indiquer d'une manière précise les caractères spéciaux qui distinguent cette soi-disant race. Cette Société n'a jamais pu se prononcer.

Nous ne nous expliquons donc pas pourquoi l'administration a cru devoir maintenir au programme comme race bovine la population métisse du Puy-de-Dôme composé d'animaux hétérogènes qui ne peuvent faire souche.

Je passe sous silence la septième catégorie, race Durham, qui est sans intérêt direct pour nous. Cette catégorie présentait de fort beaux animaux mais dont les exigences ne sont pas en rapport avec notre système de culture.

Sous le nom de races fançaises ou étrangères non dénommées aux autres catégories, la huitième catégorie présentait 45 animaux, Schwitz, Breton, Hollandais, Fribourgeois. La race Schwitz fait l'ornement de la huitième catégorie.

(extrait du Bulletin de la Société d’Agriculture de la Loire. Juin 1886)

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Médaille remise en juin 1886 à Monsieur Félix Fulgence Blettery pour la présentation d'un taureau au concours agricole de Clermont-Ferrand