L'ancienne église de Saint-Germain la Montagne



Dans nos régions montagneuses, les paroisses débutèrent entre l’an 800 et I’an 1000. Elles vinrent à la suite des ordres données par Charlemagne de défricher les vastes forêts dont la France était alors recouvertes. Ce défrichement alla vite, car en 816, Louis le Débonnaire, fils de Charlemagne se vit obligé de consacrer dans ses ordonnances tout un chapitre sur les villas nouvelles et les églises qu’on "y a récemment construite" .Ces lois furent réitérées par Lothaire en 832. Que savons-nous de l'ancienne église de St Germain ? Sur l'ancien plan cadastral de la commune, nous pouvons voir que l’église était située au même endroit mais orientée différemment ; dans un sens opposé par rapport à l’église actuelle.Ce qui reste ? Quelques pierres sculptées, mais surtout un bas-relief que nous pouvons voir et admirer sur le côté sud de l'église. Ce bas-relief peut nous donner une date plus précise au sujet de l'ancienne église ?

Voici quelques précisions intéressantes sur le bas-relief.  

Ses dimensions actuelles sont environ 112x58 cm. Cassé en trois morceaux, les joints ont été bouchés récemment, car l’eau, de pluie lavait le badigeon à l’intérieur de l'église, ce qui laisse supposer une pierre assez épaisse.

Au centre, l’Agneau tourné vers la gauche du spectateur, avec la tête retournée en arrière, au dessus de la tête, une croix comprise dans le nimbe ; derrière l’Agneau, grande croix jusqu'à terre, légèrement pattée avec un petit filet en creux sur les bords. A main gauche, le lion. Au dessus du lion une figure humaine agenouillée, tournée vers l'Agneau ; derrière ses pieds s'élèvent des objets indéterminés. A droite, l’aigle posé sur le dos du veau. De chaque coté de l’aigle, figure géométrique ressemblant au svastika, à la croix gammée dont les gammas seraient refermés les uns sur les autres ; la figure à main droite tourne dans le sens des aiguilles d'une montre,l’autre dans le sens opposé. En dessous de ce groupe de figures et sur les cotés,jusque aux trois quarts de la hauteur environ, ornement formé d'une bande de perles entre deux bandes semblables à des cordes tordues en sens inverse l’une de l*autre ; à droite on voit nettement la fin de cet ornement les bandes cordées se rejoignent au-dessus des perles.Tout à fait en bas, une bande plus large représente peut-être des feuillages stylisées entrelacés un peu comme une vannerie. Description d'après Gabriel Brassard.

Nous pouvons dire que ce bas-relief représente l'Agneau Mystique entouré des quatre Evangélistes.Il n'est probablement pas antérieur au XII° siècle, mais il est extrêmement intéressant en raison des traits insolites de son iconographie, les croix disposées de chaque coté de l'aigle. Pour l’homme qui symbolise Saint Matthieu, on dirait que les objets assez peu distincts qui le surmontent sont attachés à ses talons, or très anciennement, les anges ont été représentés, par imitation des effigies du dieu Mercure,avec des ailes aux pieds.                   

Ce bas-relief est certainement la copie d'un ivoire sculpté au X-XII° siècle en dehors de la France. En ce cas, il resterait deux dates à déterminer, celle de l’ivoire et celle de la copie?    

Ce bas-relief a été classé par les Monuments Historiques en 1963.

Grâce à ce bas-relief, nous pourrions dater l’ancienne église du XII° siècle.

D’après les archives, cette église fut donnée aux moines de Cluny pour en assurer le service religieux. C'est pour cette raison que le prieur de Cluny a de tout temps levé les dimes de St-Germain et nommé le curé de cette paroisse. L’évêque de Macon ne faisait que d'examiner le sujet présenté pour cette fonction et d'approuver sa nomination.

Le prieur de Charlieu nommait ainsi les curés de douze paroisses, celles d’Arcinges, Cublize. Belleroche, Charlieu,Vernay, la Chapelle-sous-Dun, Montagny, Poule, Saint-Denis de Cabanne, Vougy, Saint Vincent de Boisset et Saint-Bonnet de Cray.   

L’abbé du monastère de Cluny nommait les curés de Saint Germain-la-Montagne, Saint-Hilaire et Saint Laurent-en-Brionnais. Belleroche et toutes les paroisses autour d'elle, étaient du diocèse de Macon, sauf Propières, Monsols et Aigueperse qui étaient du diocèce d’Autun. “Archives du Rhône, G. Beaujeu Carton 13, n° 2 Pouillé.

C'est en 1845 que l'on décida de démolir l'ancienne église qui était en très mauvais état. Voici le rapport du registre de délibération.

L'an 1845 et le premier dimanche de janvier, le conseil de fabrique de St Germain-la-Montagne, réuni dans le lieu ordinaire de ses séances sous la présidence de Mr le curé du lieu, les divers membres ont été appelés à délibérer sur un rapport du bureau des marguilliers constatant l'urgence de la construction d'une église pour la paroisse de St Germain. Les divers membres consultés ont été unanimes à reconnaître cette nécessité, mais où prendre des fonds pour subvenir à cette dépense ? La fabrique n'offre point de ressource comme le fait connaître son budjet. Les membres du dit conseil de fabrique ont donc arrêté qu’il fallait s'adresser au conseil municipal de la commune pour le prier de venir à son secours, qu'il fallait lui donner acte de cette délibération rédigée et signée séance tenante et Mr le trésorier a été chargé de l'adresser à Mr le préfet de la Loire, ainsi que le budjet de la fabrique, afin qu'il ordonne ce qui de droit.
                 
5 janvier 1845. Signé : Bessy, curé. Jean-Louis Dumoulin, Jean Aulas, Jean Marie Jolivet, Claude Troncy, Jacques Troncy. Il faudra guère plus d'un an pour construire la nouvelle église, puisqu’elle sera bénie le 23 novembre 1846.