Commentaires des curés de Renaison

ancienne église

Renaison - année 1740

L’an mil sept cent quarante l’hiver a été long et il a fait froid presque tous les mois de l’année. Les vignes et les blés ont été un peu endomagé particulièrement celles qui se sont trouvé exposé à la bize et situé dans des terroirs humides.

Les vignes n’ont commencé à pousser que les trois derniers jours de may, en ayant été empeché par les gelées du printemps et la neige qui tombait.

Tout a été tardif cette année car l’on a commencé à couper les blés que l’on finissoit les autres années ; ils etoient fort chers, mais pour les vendanges l’on a été obligé de les faire tard à cause du mauvais temps, mais il est survenu des gelées très fortes qui ont flétri les raisins qui n’étoient presque qu’à moitié murs et défeuillé entièrement les vignes.

Le peu de vin que l’on a fait est tant couleur vert d’une façon que les parisiens jusqu’à ce jourd’huy quatrième de janvier mil sept cent quarante un n’ont point voulu en acheter crainte qu’il ne aigrisse. Il y a des vins vieux qui se sont vendus jusqu’à soixante dix livres la pièce. 

Renaison - année 1741

La présente année mil sept cent quarante un a été fort belle par le beau temps qu’il a fait jusqu’à près la toussaint.

L’on a cueilli fort peu de vin et l’on l’a vendu jusqu’à cinquante quatre et cinquante six livres la pièce, il ne s’est point trouvé si bon que l’on auroit cru ; cependant les parisiens l’ont tout enlevé.

Le grain a été assez beau mais il y a eu si peu de paille que nonobstant qu’elle étoit bien grenée il en a manqué beaucoup de ce que l’on avoit coutume de cueillir.

Renaison - année 1742

La présente année 1742 a été fort froide par une bise qui a régné près de deux mois mais l’été a été chaud et sec .
Nonobstant tout cela la récolte du blé a été abondante parceque les semailles qui avoient été faites à bonne heure ont résisté à la bise.

Pour le vin il s’en est pas trop cueilly dans cette côte la trop grande sécheresse a gaté le raisin qui n’a pu bien murir après les pluyes par rapport aux gelées qui sont survenues.

Les parisiens en ont pris fort peu dans ce pays il est vrai qu’il n’avait pas du f... mais aussy l’on a tenu le prix trop haut ce qui a obligé les marchands à s’écarter dans le maconnois où ils en ont enlevé une quantité prodigieuse et pendant ce..... encore à 16, 17 ou 18 # la pièce. Le prix du blé a été de vingt ou vingt deux sols la mesure pour le plus

Renaison - année 1754

L’année mil sept cent cinquante quatre a été assez bonne, la récolte de bled et celle du vin auroient été plus copieuses sans la gelée d’hyver et une grêle et pluye surabondante qui tombèrent au mois de may ce qui a fait qu’il n’y a eu qu’à moitié vin.

Les parisiens ne l’ont pas enlevé promptement et il n’a valu que 24 et 26 * communement.

Il y a eu dans la presente année des contrebandiers dans la forest de roannais qui ont fait des concussions et la contrebande à force ouverte. Le chef de ces brigands se nomme Mandrin.

clef à Renaison
Clef de voûte de la porte du presbytère de Renaison

Renaison - année 1756

L’année mil sept cent cinquante six a été fort pluvieuse l’hyver n’a pas été rude mais fort long. Il s’est cueilli fort peu de bled ; il a valu quarante sols la mesure de Roanne. Il est tombé pendant l’été beaucoup de grêle en différents pays ce qui n’a pas peu contribué à enchérir les danrées en s’en diminuant la quantité.

Les rivières ont été fort grandes dans le mois de janvier et depuis 1733 on ne les avoit pas vu se déborder. La Loyre fit beaucoup de mal à Roanne ; elle entraîna plusieurs bateaux et plus de 500 pièces de vin qui étoient sur le port. Il s’est cueillis assez de vin dans la Côte et surtout en cette parroisse ou il a été moins mauvais. Les parisiens en ont enlevé la plus grande partie dans le courant de décembre. Ils ont acheptés jusqu’à trente six livres le toneau et communement trente trois.

Nous avons été en guerre avec les anglais pendant tout l'été, on leur a pris la fameuse isle de Minorque et le Fort Mahon qu’ils avoient regardé jusque là comme imprenable. Mr. de la Galissonière commandoit sur mer contre l’amiral Bingue (Byng) qu’il a battu plusieurs fois et Mr le Marechal, duc de Richelieu sur terre c’est là qu’il enleva la place d'assaut

Renaison - année 1757

La presente année 1757 à heu un hyver fort long et fort rude, ce qui a fait que les récoltes en bled et en vin ont été très modiques. Le bled a valu jusqu’à 44 sols la mesure de Roanne - les gelées violentes qui se sont fait sentir avant les vendanges ont diminué la quantité et la qualité du vin. Ils ont été pourtant assez bons dans cette Côte et comme il y en avoit très peu, il s’est vendu jusqu’à 42 * la pièce d’abord après vendanges. Mais il a diminué de prix, les parisiens ne l’ayant pas enlevé tout de suite.

Le fait mémorable arrivé le six janvier contre la sacré personne du Roy Louis XV ne sera jamais oublié, le scélérat Pierre Damien luy donna un coup de couteau dans les reins comme sa Majesté allait monter en carrosse pour aller à Trianon. Elle est heureusement guerie de sa blessure et l’assassin fut puni selon ses mérites.

Renaison - année 1760

La présente année mil sept cent soixante a été peu abondante en grain ce qui a fait qu’il a valu jusqu’à cinquante sols la mesure de Roanne. Le vin médiocrement bon et a été sujet à la tranche. Il n’a valu que quatorze francs la pièce ce qui a fait souffrir beaucoup les pauvres vignerons.

Le vingt deux juin de la presente année jour de dimanche à six heures du soir, le tonnerre tomba sur le clocher de cette parroisse. Il y avoit plus de trente personnes dedans, dont cinq ou six eurent leurs habits brûlés. Ils le furent sur même les uns aux visages, les autres à la poitrine, aux jambes et aux cuisses et restèrent pour morts pendant une heure. Le feu pénetra jusque dans l’église ou il y avoit plus de de deux cents personnes. Une femme en eut les mains brûlées et son chapelet qu’elle tenoit, fait de perles de façon qu’il devint invisible. La seule croix luy demeuras à la main. On la crut morte, mais par un effet de la miséricorde de Dieu, ny elle ny ceux qui étoient au clocher ne sont péris ; ils ont tous été parfaitement guéris au bout de deux mois.

Renaison- année 1761

La présente année mil sept cent soixante une a été assez belle dans chaque saison, les bleds cependant quoy que ramassés sur beau temps, n’ont pas été abondans, les vents chauds qui ont courus lorsqu’ils étoient en fleur les ont beaucoup endommagés et ont fait qu’ils n’ont pas été grenés, il a été cher toute l’année, et les pauvres ont beaucoup souffert. Il y a eu assez de vin dans cette coste et ils ont eu de la qualité ce qui a fait que les parisiens les ont enlevés, mais lentement et à bas prix, le tonau n’a valu que vingt livres au plus cher.

Renaison - année 1762

La présente année mil sept cent soixante deux a été pour la côte une des plus malheureuse qu’on aye jamais vu, la secheresse qui a regnée depuis le mois de mars jusqu’au mois d’aoust a fait qu’on n’y a presque point cueilli de vin, et encore il n’a valu que vingt à vingt deux francs, les parisiens ne l’ont pas enlevé par ce qu’il y en a eu beaucoup ailleurs et qu’il y a été bon. On a commencé ici les vendanges le treize de septembre, ce qui ne s’étoit jamais vu. Il y a eu assez de bled malgré la secheresse ; il s’est vendu toute l’année vingt cinq sols mais il n’y a eu ny pois, ny légumes, ny menus grains d’aucune espèce ; on a été à la veille d'éprouver une famine par la difficulté de moudre les grains, la rivière de Renaison qui fournit l’eau lorsque les autres manquent a été pour ainsi dire à sec et ont a été obligé de moudre à la corde pendant près d’un mois. Le foin a été très rare et les bestiaux à grand marché.

Renaison - année 1765

La présente année 1765 a été peu abondante en grain, les pluyes continuelles de l’été ont fait que difficilement on a pu lever la récolte et que les bleds ne se sont pas trouvés grenés. Aussi a t’il valu depuis la moisson de quarante sols la mesure. Il y a eu beaucoup de poix dans cette Côte ce qui a beaucoup soulagé le peuple. La récolte du vin a été assez abondante, mais le vin n’a pas eu de qualité quoiqu’ils ont eu la couleur. El les vins des pais bas s’étant trouvés bons, les parisiens ont méprisés ceux-ci. Il n’y a point de débit et ceux qu’on a vendus jusqu’au mois de février se sont donnés à 20# la pièce, ce qui a mis, joint à la cherté des bleds la misère dans le pais.

Renaison - année

La présente année à la pour chaud et le froid des révolutions étonnantes. L’hyverd a été des plus rudes, les rivières ont été toutes glacées, celle de Renaison l’a été au point que pendant une semaine on n’a pu moudre dans aucun moulin. Le froid a duré jusqu’au mois de février et après une semaine de beau temps et de chaleur, il a fait froid comme auparavent, si bien que le samedi Saint et le jour de Paque, il y avoit ici deux pouces de neige, ce qui a occasionné une gelée sur les vignes qui avoient poucées, ce qui les a beaucoup endommagé.

Il en a fait une autre le six de may qui n’a pas fait mal dans la Côte mais qui a emporté toutes les vignes des pais bas. Les bleds ont aussi beaucoup soufferts et quoy qu’ils n’y parut pas beaucoup de mal, on a connu en battant les pailles qu’il y manquoit la moitié du grain. La secheresse a succédé à la gelée, ce qui a fait qu’il y a eu fort peu de foin et point de regain. Il y a eu des grêles à plusieurs fois. Et quoy qu’elles n’ayent pas été bien violentes, ces accidens, joins à ceux de la gelée et de la grande secheresse du mois de juin, juillet et aoust ont fait qu’il y a eu fort peu de vin, mais plus encore à la Côte que dans les autres vignobles. Il a été assez bon dans cette parroisse. Il s’est vendu communament soixante trois livres la pièce. Le bled a valu toute l’année trois francs la mesure. Il a pourtant diminué dans le mois de novembre et décembre et n’a valu que 55 sols.

Renaison - année 1769

L’année mil sept cent soixante neuf a été remarquable par la bonne vente des vins en cette Côte. Etant arrivé une violente gelée le trois et le cinq d’octobre toutes les vignes des païs bas en ont été extremenent endomagées. Et le raisin ne s’étant pas trouvé mûr, le parisien a donné dans la Côte où la gelée s’étoit légèrement fait sentir ; ils ont achepté les vins encore dans sa cuve à 66 et 67 # la pièce. Et comme il s’en étoit passablement cueilli et surtout dans cette paroisse, il s’est trouvé que la récolte en vin a été ......... qu’on aye ramassé, il y a plus d’un .........

La récolte du bled a été fort modique, pas comme partout ailleurs, le printemps et l’été avoient cependant assez bienfait, mais le temps de la semaille s’étant trouvé pluvieux et les terres mal préparées, la récolte a manquée au trois quarts.

Les rivières ont été fort grandes, notamment aux fêtes de Noel, que celle de Renaison a été au point ou on le l’avoit jamais vu.

Il y a eut peu de malades cette année, l’hiver n’a pas été rigoureux, on a cueilli beaucoup de foin et de regain mais la paille a value jusqu’à six sols la liace.

Il aparut une étoile barbue pendant l’espace d’un mois ; elle se trouvait entre l’orient et le mydi, vers les onze heures du soir et paroissoit jusque vers les trois et quatre heures du matin,

L’isle de Corse a esté prise par les françois au mois de juin. M. le marquis De Veau, commandant l’armée. Le souverai pontif Clément treize est mort en cette année ; il étoit de la famille des Vezonnico. Le cardinal Ganganelle l’a remplacé sous le nom de Clement quatorze ; Vivat et gubernat papale et credendo.

Renaison 1773

Nous soussigné, Jean Beauchampt curé de la parroisse de Renaison, vu la commission à nous adressé par Monseigneur l’Archevêque de Lyon et signé de Sa Grandeur le trois du présent mois et contresigné par son secrétaire Arthaud par laquelle Sa Grandeur déclare qu’elle relève l’église dud. Renaison de l’interdit prononcé le trente may mil sept cent soixante dix et nous convie pour faire la bénédiction de lad. église avec les prières et cérémonies du rituel du diocèse.

Après avoir accepté lad. commission avec respect, nous l’avons remplie dans toute son étendue ce jourd’hui onze décembre mil sept cens soixante treize à neuf heures du matin en présence de nos parroissiens assemblés et de Messire Jean Claude Elisabeth Goullard, curé de la ville de Roanne, Claude Allier, curé de Changi, Gabriel Chapuzon curé de Saint-Léger, Jaques Bouquet curé de Saint-Haon le Vieux, Pierre-François Rouchon, Eustache-François Rabot sociétaires de l’église de Saint-Haon le Châtel, André-Joseph Travard vicaire de Saint-André, Etienne Beauchampt curé d’Arson qui ont signé avec nous le présent procès-verbal dont le double est écrit sur les registres de notre église pour servir et valoir ce que de raison pour l’original être renvoyé au secrétariat de l’archevêché conformement à l’ordonnance de Monseigneur l’archevêque.

Renaison - 1776

Le vingt septembre mil sept cent soixante seize l’église et le maître autel de cette paroisse nouvellement construits des libéralités des sieurs curés, seigneur et habitans de ce lieu ont été consacré et dédié sous l’invocation de l’apotre Saint Pierre par Monseigneur Jean Denis de Vienne, évêque de Sarap, suffragant de Lion qui a mis dans le tombeau de l’autel les reliques de Saint Léon le grand et de Saint Basile renfermés dans un coffre de plomb avec les authentiques sous le sceau de ses armes. L’anniversaire de cette cérémonie est fixé par le dit seigneur illustrissime et révérentissime évêque à perpétuité au quatrième dimanche de septembre avec indulgence de quarante jours et exposition et bénédiction du Saint Sacrement.

Ce fut fait en présence de Don Jérome Goyet de Livron, écuyer seigneur de Taron et coseigneur du bourg et franchise de Renaison, de noble sieur Rimoz de la Rochette, subdélégué de l’intendance, seigneur d’Arpheuillette et la Guillermis et autres lieux, de Claude Marie de Barthelad, de noble Jean Guy de la Grye, conseiller au baillage de Roanne, noble Antoine Emmanuel Ramey et Antoine Cartier avocat et de plusieurs de Messieurs les curés du voisinage et autres qui ont signé avec mon dit seigneur.