Commentaires des curés d'Ambierle

croix à Pierrefitte

mars 1991 -Au dessus de Pierrefitte-Ambierle

Ambierle - année 1781

Depuis le commencement de la nuit du dix huit au dix neuf aout, jour de dimanche de cette année, il est arrivé des nuages extrêmement élevés et pommelés donnant continuellement des coups de foudre qui faisoient trembler la terre et grincer nos vitres dans les fenêtres. Et nous vivants qui ne croyons pas que jamais semblable chose soit arrivé dans l’antiquité nous avons appris qu’à Lyon la même nuit fut semblable et que la nuit précédente nous annoncat pareille chose et cela sans pluye ny orage ny grêle.

Ambierle - année 1785

Le mois de janvier de l’année 1785 a été assez doux, ceux de février, de mars et d’avril ont été très rigoureux par la grande quantité de neige qui est tombée et par un froid très vif et très piquant qui a regné pendant ce tems.

L’été a été très sec : on n’a presque pas eu de pluye, les fourages ont été extrêmement rares : le foin s’est vendu 6# le quintal. Cette sécheresse a été presque générale dans tout le Royaume. La récolte des bleds et vins a été assez abondante. La viande s’est vendu communement quatre sols six deniers la livre. Le pain deux sols neuf deniers. Le vin après vendanges 24 # vingt quatre livres la pièce conduit à Roanne.

Ambierle - année 1786


La récolte a été assez abondante : Cependant la viande s’est vendu dans la paroisse 4s 3d la livre, le pain blanc, 2s 3d et 2s 6d la mesure de soigle 30 à 32s la mesure. Le vin pendant l’été piqué et 30 à 33# droits. Le vin nouveau après vendanges a été estimé à 29 à 30# la pièce. On n’a pas voulu le donner en sus la ..... l’année. On ne trouvait pas de marchands. L’été a été très orageux avant la St Jean. Toutes les paroisses voisines ont été grelées, les dégâts d’eau ont fait beaucoup de mal. L’hyver a commencé de bonne heure vers la St ........... Les cures n’ont presque pas écumé.

Ambierle - année 1787

Les récoltes ont été retardées. Le vin vieux a été jusqu’à 50# la pièce. On a craint la non maturité des vendanges qui ont été tardives, pluvieuses, froides. Le raisin a été en partie pourri ou rouge sans maturité. Le vin s’est cependant vendu 33# à la côte, 30# dans cette paroisse. Le pain blanc 3s et la viande 4s 6d la livre.

En 1787 dans le mois de février est mort à Versailles M. De Vergennes, ministre des affaires étrangères. Il a emporté au tombeau les regrets de ...............
pris dans les trois ordres de l’état pour aviser aux moyens de rétablir les finances. Le déficit de la recette à la dépense a été porté à 140 million par an. M. de Calonne, contrelleur général a été remercié. Il s’est sauvé en Angleterre, accusé d’avoir commis les plus grandes déprédations dans les finances.

Etablissement des assemblées provinciales dans toutes les provinces où il n’y a point d’états : liberté des commerces, des grains et farines : supression de la corvée en nature. Plusieurs changements utiles et plusieurs réformes opérées dans les revenus du Roi.

Ambierle - année 1788

La récolte de bled pendant l’année 1788 a été très modique : les gerbes n’ont point rendu et cela dans toute la France. Le bled soigle s’est vendu jusqu’à 4 # la mesure de Roanne et le pain blanc 3s 6d la livre. La viande 5s. Les vendanges ont été belles, bien mures, le vin bon qui s’est vendu 35# à la côte. Il a manqué un quart de l’année dernière dans cette paroisse : le seigneur a voulu établir des bans de vendange : la paroisse s’y est opposé parce que ce n’était pas l’usage et que la dixme est portable.

Les orages ont été multipliés dans toute la France. La grêle d’une grosseur considérable a fait les plus grands ravages dans de vastes parties de beaucoup de provinces. L’hyver a commencé de bonne heure, vers le commencement de novembre. Le froid a été très rigoureux et très long, le thermomètre a été plusieurs jours à 12 et jusqu’à 18 degrés au dessous de la glace. Il a duré jusqu’à la fin de décembre avec un verglas qui rendait les chemins impraticables. De la plus grande misère pour le bois et le pain.

Les rhumes ont été très mutipliés : ils ont occasionné la mort à un très grand nombre de personnes, par des fluxions de poitrines : on a appellé cette maladie : la BRIENNE.

Pour les affaires d’état, le 19 8bre de l’année dernière, le Roi tint au parlement une séance Royalle pour faire enregistrer un emprunt graduel de 400 millions pendant 4 ans après avoir entendu, tout haut, pendant neuf heures de suite les avis de tous les conseillers.

Protestations du parlement contre cet enregistrement avec déclaration de son incompétence pour sanctionner les impôts, les états généraux seuls pouvant le faire. Le ministère, fort embarassé prépare les plus grands coups à la magistrature. Le 8 mai dernier, lit de justice à Versailles pour l’enregistrement de plusieurs lois et le même jour dans toutes les cours souveraines du Royaume même enregistrement. 1° vacances de toutes les cours souveraines jusqu’à nouvel ordre avec des gardes autour des palais de la justice 2° réduction des magistrats dans les parlements 3° création de grands baillages dans 47 grandes villes de France qui devaient juger en dernier ressort les affaires civiles jusqu’à 20 mille livres, les autres au dessus avec les causes des privilégiés réservés au parlement. 4° les grands baillages devaient également juger les criminels en dernier ressort, énoncer le délit dans la sentence en en suspendre l’exécution un mois jusqu’à ce qu’on eut réponse de la cour. Abolition de la sellette : le coupable devait être interrogé à huis clos avec toutes les décorations extérieures. 5° suppression de tous les tribunaux d’exception comme élections, bureaux des finances, justice des gabelles et leur attribution aux grands baillages. 6° Etablissement d’une cour plénière pour enregistrer les lois et les impôts pour tout le Royaume.

Le Roi avait dit dans ses discours au lit de justice : il ne faut dans un grand état qu’un Roi, qu’une loi, qu’un enregistrement. Quelques jours avant cette époque, le Roi avait fait enlever par la force, au milieu du parlement, les chambres assemblées, deux conseillers pour les conduire en exil. Protestations de tous les parlements et de toutes les cours souveraines qui entrainent tous les tribunaux qui refusent de rendre la justice. Soulèvement général, particulièrement en Dauphiné, Béarn, Bretagne, Paris. Et le peuple séduit et aveuglé fait rentrer par force les parlements, menacent d’une guerre civile.

Le Roi change ses ministres. M. de Brienne, auparavant archevêque de Toulouse et maintenant de Sens, principal ministre avec M. de la Moignon garde des sceaux qui est remplacé par M. de Barentin. Rappel de M. NEKER pour les finances. Déclaration du Roi du 23 7bre pour remettre les choses comme elles étaient avant. Le 8 mai portant convocation des états généraux pour le mois de janvier prochain. Les parlements rentrent en triomphant. Nouvelle assemblée des notables à Versailles préparatoire pour les états généraux. Le tiers état demande de tous côtés à être admis aux états généraux en nombre égal aux deux autres ordres réunis. Les notables à une grande pluralité sont d’un avis contraire.

Arrêt du conseil au rapport de M. Neker du 27 xbre qui admet le tiers en nombre égal aux deux autres ordres réunis. Le bureau de Monsieur avait été de cet avis. Tout se prépare pour la tenue prochaine des états généraux sur lesquels la Nation les plus grandes .......

Ambierle - année 1789

Le bled a été assez grainé mais il manquait de paille. Il s’est vendu fort cher toute l’année. Le pain à 4s la livre petit poid. Le vin a manqué presque généralement. Il ne s’est fait qu’un quart et de mauvaise qualité. Il s’est vendu 60# la pièce.

Cette année sera à jamais mémorable par le évenements étonnants qui ont eu lieu pendant son cours et la révolution étonnante qui s’est faite dans l’empire français. Dès le mois de janvier, les lettres de convocation pour les états généraux ont été expédiées dans toute la France par baillages et par ordres séparés. Le clergé de la sénéchaussée de Lyon a eu 4 députés, la noblesse 4 et le tiers état 8. Tous les bénéficiers ont eu droit de s’y rendre et de concourir à la rédaction du cayet des doléances et à la nomination des députés. Les habitants d’Ambierle ont rédigé leur cayet de doléances et ont député à Lyon M. Hylaire Bouquet avocat, Piard Durozay, Duverger commissaires es droits seigneuriaux et Pierre Cellier notaire royal.

Les députés de toute la France aux états généraux au nombre d’environ 1200, savoir 300 du clergé, 300 de la noblesse et six cent du tiers-Etat se sont rendus à Versailles au 27 ou devait se faire l’ouverture des Etats Généraux : cette ouverture a été renvoyée au 4 mai . Elle s’est faite avec la plus grande pompe, une grande messe et une procession générale du St Sacrement ou ont assisté tous les députés et tout ce qu’il y avait de grand dans le royaume. Les débats ont commencé tout de suite. Le tiers-Etat après le ..... de communes il a demandé aux deux autres ordres qui voulaient tenir leurs séances à part, de se réunir à lui pour ne composer qu’une seule chambre. Refus de la part des deux premiers ordres de réunir. Des commissaires de conciliation ont été nommés de part et d’autre mais sans pouvoir s’accorder. Deux mois se sont écoulés sans avoir rien fait. Enfin le 17 juin, le tiers-Etat desespérant de pouvoir vaincre l’opiniatreté des deux autres ordres, se constitua assemblée