Familles Jacquet de Saint-Jacques des Biefs

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par M. Jean Marie Jacquet, diacre, élève du séminaire à Saint-Irénée, Lyon

Notice sur la famille Jacquet de Saint-Jacques des Biefs, maintenant hameau Gaucher, commune de Saint-Bonnet-des-Quarts,  Loire, alors de la province d’Auvergne, diocèse de Clermont Cette notice est tirée des archives de la famille conservées aux Brassières, des registres de la commune, de la traditionde plusieurs vieillards et de plusieurs personnes de la parenté. Rédigée par M. Jean-Marie Jacquet, Diacre élève du séminaire Saint Irénée à Lyon. Vacances 1844

CHAPITRE 1° SAINT-JACQUES-DES-BIEFS

Jean-Marie Jacquet

Le seul nom de Saint-Jacques-des-Biefs indique quelque chose de plus qu’un hameau ordinaire. On raconte qu’une société de religieux se serait établie au milieu des forêts qui couvraient ce pays dans les temps reculés. Peut-être Saint-Jacques-des-biefs a-t-il été le chef-lieu d’une ancienne paroisse.

Ce qui est certain c’est que plusieurs squelettes humains ont été trouvés entiers au sud-ouest du hameau, soit en creusant des fondations, soit en déblayant certains terrains.

Pendant l’hivert 1844 on a trouvé le fondement d’un mur d’environ deux mètres d’épaisseur, et dont le mortier était dur comme la pierre. On dit même que la cloche actuelle a été fondue des débris d’une autre plus ancienne ; je n’ai sur cela rien de certain mais ce qui est certain, c’est qu’on a trouvé à différentes époques des squelettes humains qui paraissent fort anciens, tellement que les ossements tombent facilement en poussière

De là il est certain qu’il y a eu à Saint-Jacques-des-Biefs ou une communauté religieuse ou une paroisse ; lequel des deux, je l’ignore.

Peut-être même la plaine des Biefs a-t-elle été témoin de quelques combats seigneuriaux ; une vieille tradition le rapporte ; des débris d’armes ont été trouvés par les cultivateurs.

CHAPITRE 2° ANTOINE JACQUET

Dans les premières années du 17ième siècle la famille Jacquet était déjà nombreuse à Saint-Bonnet-des-Quarts. Elle résidait alors à Saint-Jacques-des-Biefs. Antoine en était alors la personne la plus marquante. C’est le plus ancien de nos aieux qui nous soit connu. Il était propriétaire à Saint-Jacques-des-Biefs et surnommé Gaucher. On peut placer l’époque de sa naissance dans les dernières années du 16ième siècle, c’est à dire de 1590 à 1600.

En 1622 ou 1623 il eut un fils qui fut nommé Simon, et qui dans la suite épousa Michelle Jacquet, née en 1617, fille de Simon Jacquet et de Simone Jacquet. Il est certain que Simon Jacquet et Michelle Jacquet étaient parents ; mais j’ignore à quel degré. Dès lors il y avait à Saint-Jacques des Biefs deux familles Jacquet. La famille de M. L’abbé Jacquet, curé des Noés, dont il sera parlé au chapitre 13ième, dépend de Simon et Simone Jacquet père et mère de Michelle, épouse de Simon Jacquet.

CHAPITRE 3° FAMILLE DE SIMON JACQUET ET DE MICHELLE JACQUET

Déjà en 1654 ils étaient unis par les liens sacrés du mariage. Il est probable qu’ils eurent des enfants avant 1664.

En 1664 et le 28 janvier leur naquit Nicolas.

En 1666 et le 6 novembre fut baptisé Jean, frère de Nicolas.

Je n’ai pu trouver nulle part ce que ce dernier serait devenu.

Simon Jacquet avait un frère Jean, dont la fille Denise en 1673, épousa Jean Monlut, propriétaire à Arcon ; ils vinrent se fixer sur la paroisse de St Bonnet. A l’époque de ce mariage Jean Jacquet, père de Denise était mort. Simon Jacquet, oncle de Denise, assista au mariage et fit cadeau à sa nièce de la somme de 220 livres ; j’ignore ce qu’est devenue maintenant cette parenté.

Maître Antoine Jacquet dit Gaucher, pour me servir des termes du registre, fut enterré le 14 juin 1672. Quoique je ne sache pas au juste son âge, il devait avoir au moins 80 ans. Simon Jacquet son fils en avait alors 50 ou 51 et il était né après au moins 10 ans de mariage ; Nicolas, petit fils d’Antoine, avait alors 8 ans.

Antoine Jacquet avait joui d’une certaine considération, soit à cause de sa fortune, soit à cause de son personnel ; car le registre dit de lui maître Antoine Jacquet, tandis que ce titre ne se trouve pour nul autre. Il était, avons nous dit, surnommé Gaucher. Il serait difficile de préciser la cause de ce surnom ; peut-être serait-ce parceque Lui, ou un de ses ancêtres se serait servi de la main gauche. Quoiqu’il en soit, ce surnom a passé à tous ses descendants, jusqu’à Pierre Jacquet inclusivement ; tellement que ce surnom a fini par passer du chef du hameau au hameau lui-même.

Voilà pourquoi Saint Jacques- des-Biefs a perdu son nom qui sans doute devait rappeler quelque vieux souvenir, et n’est plus connu aujourd’hui que sous le nom de hameau Gaucher. Au commencement du 17ième siècle, il était toujours nommé St Jacques-des-Biefs ; à la fin du même siècle il se nomme indifféremment et village Gaucher et St Jacques-des-Biefs, mais vers la fin du 18ième siècle, tous les titres ne le nomment plus que village Gaucher.

En 1673 ou un peu auparavant Simon Jacquet afferma de Messire Antoine de Valladoux Chercailler, capitaine d’infanterie, chatelain de Montmorillon, plusieurs propriétés surtout en prés qui servaient à l’entretien de son commerce ; car il était marchand de boeufs. Messire de Valladoux et Simon Jacquet eurent ensemble plusieurs affaires.

En 1685 Simon Jacquet afferma le domaine Brassière, alors appartenant à deux frères, Joseph et Bonnet Dumas. Il y eut d’abord plusieurs fermes successives. En 1687 Nicolas Jacquet entra dans la ferme de moitié avec son père.

Vers 1690 Simon Jacquet afferma de Monsieur de La Fayolle propriétaire au château du même nom, commune de St Martin Destreaux, plusieurs domaines, entr’autres celui de Marmin et celui de chez Quillet.

Simon Jacquet mourut en 1696 âgé de 74 ans ; Nicolas son fils en avait alors 32.

CHAPITRE 4° FAMILLE DE NICOLAS JACQUET ET MARIE PINET MARIES LE 3 FEVRIER 1689.

En 1689 et le 3 février Nicolas Jacquet épousa Marie Pinet en présence de Simon Jacquet son père et de Benoît Pinet, père de Marie et qui était aussi propriétaire à St Jacques-des-Biefs.

Le 10 septembre 1692 Bonnet Dumas, marchand à Cusset vendit à Nicolas Jacquet la moitié du domaine Brassière moyennant la somme de 806 £ ; Joseph avait déjà vendu l’autre moitié à Simon Jacquet. En 1693 quittance finale de la vente dudit domaine fut donnée aux acquéreurs.

Nicolas Jacquet après la mort de son père, lui succèda dans les fermes du château de La Fayolle ; il était donataire de Simon.

En 1695 et le 22 janvier fut constituée la communauté de St Jacques-des-Biefs, par acte reçu Duvergier, notaire à Arfeuilles. Nicolas Jacquet en fut élu chef et administrateur. Elle fut constituée entre Nicolas Jacquet, Jean Pinet son beau-frère, un autre Jacquet, et un Barret, faisant chacun pour un quart.

En 1696 et le 18 août fut baptisé Jacques Jacquet, fils de Nicolas.

En 17O4 et le 1er novembre fut baptisé Jean, frère de Jacques ; son parrain fut son oncle Jean Pinet, frère de Marie sa mère.

En 1706 et le 5 mars fut baptisée Marguerite soeur des précédents.

Ils eurent encore, je ne sais en quelles années, deux filles Michelle quit fut ensuite épouse de Pierre Jonnard, laboureur à St Bonnet et Claudine qui épousa François Barret.

En 1739 et le 4 juin, fut inhumé Nicolas Jacquet surnommé Gaucher, chef et administrateur de la communauté des Gauchers. Il était âgé de 75 ans. Jacques Jacquet son fils et donataire lui succèda comme chef et administrateur de la communauté. Il fut pareillement surnommé Gaucher.

NOTES.

Un Jacques Jacquet avait épousé une Françoise Murcier ; ils eurent plusieurs enfants de 1720 à 1737.

Vers 1706 un nommé Jean Murcier avait épousé Claudine Jacquet.

Le 29 novembre 1706 fut enterré Jean de Claude et âgé de 102 ans.

Le 17 juin 1705 fut enterré Messire Marquet, prêtre retiré âgé de 82 ans et qui avait été curé à St Bonnet pendant 50 ans. 18 prêtres assistèrent à son enterrement.

Il est à remarquer que le registre de 1726 porte 40 mariages pour la commune de St Bonnet seule.

CHAPITRE 5° FAMILLE DE JEAN PINET ET ANTOINETTE JACQUET.

Ils se marièrent le 6 février 1701. Jean Pinet était co-personnier de Nicolas Jacquet qui assista au mariage. Jean Pinet et Antoinette Jacquet eurent 4 enfants, savoir Nicolas, baptisé le 19 novembre 1705 ?, parrain Nicolas Jacquet. Charles, baptisé le 22 novembre 1706 ; Claudine baptisée le 25 août 17O9 ; François baptisé le 25 mars 1711. J’ignore si Antoinette Jacquet était soeur de Nicolas ; je crois plutôt qu’elle était de l’autre famille Jacquet, et sa cousine Germaine.


CHAPITRE 6° FAMILLE DE FRANCOIS BARRET ET CLAUDINE JACQUET MARIES LE 27 FEVRIER 1726.

Marie leur fille ainée ne vécut que quelques jours. Antoine le second de leurs enfants naquit le 5 octobre 1728 ; le 6 juin 1730 ? naissance de Michelle ; le 19 juillet 1739 ? naissance de Françoise.

Claudine Jacquet épouse de François Barret et soeur de Jacques Jacquet mourut le 27 février 1767 après 37 ans de mariage, laissant un fils Antoine et deux filles.

Les noms de la famille Barret de chez le gaucher, de la famille Jacquet dont descend monsieur le curé des Noës et de la famille Pinet se sont perdus depuis l’époque du partage 1777, attendu que dans ces trois familles il n’est resté que des filles. Leurs fortunes aussi ont disparu en partie.

Antoine Barret fils de François et de Claudine Jacquet eut un fils André qui au partage de la communauté représenta pour un quart. André Barret épousa Marie Lucien ; ce dernier mariage donna naissance à 4 enfants Claude, qui mourut vieux garçon, Benoîte, Marguerite, Jeanne.

Benoîte épousa Pierre Galère de Changy, dit St Pierre.

Marguerite épousa Laurent Dumourier d’Ambierle ; parmi la nombreuse famille de Laurent Dumourier et de Marguerite Barret, on compte Benoîte et Claude. Benoîte épousa Gilbert Dopra de la Goutte Picard, ils ont eu cinq enfants, André, Jeanne Marie, Annette, Jeannette, Marie. Claude épousa Jeanne Touzet, ils ont eu deux filles catherine mariée à la Pacaudière, et Jeanne Marie qui est sur le point d’épouser André Dopra son cousin germain.

Jeanne Barret épousa Claude Murcier propriétaire au bourg de St Bonnet-des-Quarts ; ils eurent deux fils, Claude et François. Claude épousa Marguerite Monloup ; de ce dernier mariage sont issus 4 enfants, Claude, Jeannette, Jacques et François né le 9 août 1825.- Jeannette Murcier a épousé Jean-Marie Marquet comme il sera dit plus bas. François, jeune homme plein d’excellentes qualités, poursuit avec succès ses études pour l’état ecclésiastique : l’église peut fonder sur lui d’heureuses espérances.

CHAPITRE 7° FAMILLE DE JACQUES JACQUET ET D’ANTOINETTE BARRET MARIES LE 27 FEVRIER 1726.

Antoinette Barret était soeur de François Barret dont il est parlé au chapitre précédent. Son mariage avec Jacques Jacquet fut célébré le 27 février 1726 après trois publications et en présence de Maître Nicolas Jacquet, André Barret et autres parents. Leurs enfants au nombre de 15 furent :

- Claudine, née le 6 janvier 1727 ; parrain Nicolas Jacquet, elle mourut le 8 mars 1728
Assistèrent à l’enterrement André Barret, Jean Pinet, André Jacquet, Claude Portier.

les autres :

- Antoine né le 23 octobre 1727
- François né le 19 septembre 1728
- André né le 5 décembre 1729
- Antoine né le 29 décembre 1730
- Pierre né le 22 juin 1732, marraine Benoite Portier
- Claudine née le 19 novembre 1733. Le 2 février 1748, âgée de 14 ans, elle épousa Claude Luminet, propriétaire au village Séroux, âgé lui-même de 17 ans et qui fut ensuite un triste marchand de boeufs.
- Le 8° fut Nicolas, né le 14 avril 1735. Il est le père des Crecoulous. le 23 février
1756 il épousa Claudine Epinat. En 1763 leur naquit André, connu sous le nom de
le Vieux Crécoulou, actuellement âgé de 81 ans. André épousa Marie Fayot.

Parmi les enfants de ce dernier mariage, on compte Jean, époux de Marie Carton aux Vozatis Catherine mariée à Arfeuilles ; Claudine mariée à Roanne, Antoine et Claude. Cette branche a fait en général petite fin, plusieurs d’entre eux sont sans fortune et sans conduite.

Une fille de Nicolas Jacquet, soeur d’André, Catherine de nom épousa, un peu avant la révolution, Jean Tuloup, propriétaire au village Charrondière ; parmi leurs enfants on compte Jean Tuloup, vieux soldat de Napoléon, revenu de Moscou, Marie épouse de Jean Fayet et Claudine épouse d’André Maridet, au bourg de Saint-Bonnet. La neuvième fut :

- Marie née le 21 septembre 1736
- Marie née le 28 décembre 1738, elle épousa Jean Noailly
- Françoise née le 6 juin 1740, épouse de Pierre Noailly
- Marguerite née le 12 février 1742 épouse d’André Portier
- Antoine né le 1° septembre 1743
- Claudine née le 31 août 1744
- Claude né le 9 octobre 1746

Antoinette Barret mourut le 28 octobre 1760. Des 14 derniers de ses enfants, 7 sont devenu je ne sais quoi. A sa mort, il lui en restait 7 à savoir: Pierre, Nicolas, les deux femmes Noailly, la femme Portier, la femme Luminet, un Antoine qui mourut ensuite vieux garçon. J’ignore ce qu’est devenue la famille Luminet. Déjà j’ai dit quelque chose de Nicolas. Il reste à parler des deux femmes Noailly, de la femme Portier et de Pierre, donataire de Jacques.

CHAPITRE 8° FAMILLE DE JEAN NOAILLY ET MARIE JACQUET, MARIES LE 26 JANVIER 1760

Jean Noailly et Marie Jacquet eurent cinq enfants, Jacques, Catherine, Paul, Pierre, Jacques.

L’aîné, Jacques Noailly épousa Claire Servajean. de ce dernier mariage sont nés sept enfants, Jeanne-Marie, Catherine, Jacques, Marie-Anne, Gabrielle, Claude, Antoinette.

Jacques Noailly, époux de Claire Servajean mourut jeune encore. Sa veuve épousa son beau-frère, Pierre, frère de son premier époux. Pierre Noailly a élevé la famille de son frère avec tous les soins d’un bon père. Il n’a pas eu d’enfants avec Claire Servajean.
Ils vivaient maintenant tous les deux dans une heureuse vieillesse.

L’aînée, Jeanne Marie épousa Jean Serol surnommé Remelly et dont deux fils, Pierre âgé de 31 ans et Jean-Baptiste, âgé de 21 ont épousé le 10 décembre 1843, Anne et Marie-Anne Charguerot, filles de Claude et d’Antoinette Jonnard, propriétaires au village Vergier de Saint-Bonnet-des-Quarts.

Catherine, seconde fille de Jacques Noailly et Claire Servajean, née en 1791 et qui eut pour marraine Catherine sa tante, a épousé en février 1817 Jean Vignaut, propriétaire à la Pacaudière moins âgé que son épouse de 2 à 3 ans. Ils ont eu 4 enfants ; l’aînée, Claudine et la dernière, Marie sont mortes enfants ; reste deux fils, Jean né le 23 janvier 1821 et Pierre né le 22 août 1821. L’aîné a la maturité d’un sage vieillard ; le cadet a plus de vivacité ; tous deux ont de la piété. Cette famille est des plus heureuses ; ils ont une fortune d’une jolie médiocrité, sont contents de leur sort, ils connaissent les avantages de leur position.

Le troisième, Jacques mourut à Turin au service de Napoléon ; sa soeur Marie-Anne mourut âgée de 7 ans.

La cinquième, Gabrielle, épousa Claude Bouttier surnommé D’Arsit, propriétaire à Saint Forgeux l’Espinasse ; ils ont trois enfants Jacques, François, Antoinette.

Claude, sixième enfant de cette famille mourut chez ses parents âgé de 23 ans.

La septième, Antoinette épousa Claude Dumoulin de la Colonge, commune d’Ambierle, dont elle eut un fils, Claude-Marie né en 1826. Devenue veuve elle a épousé en secondes noces Etienne Pottier, mort sans laisser d’enfants.

CHAPITRE 9°, FAMILLE DE PIERRE NOAILLY ET FRANCOISE JACQUET AUSSI MARIES LE 26 JANVIER 1760

Leurs enfants furent Claude, Paul, Gaspart, Antoine, Claude, Gabrielle. Les descendants de cette famille sont nombreux ; ils peuplent en grande partie le village Noailly. Pour la plupart, sans être malheureux, ils sont peu favorisés de la fortune.

Sur tous les anciens registres et titres, les Noailly sont nommés De Noailly. Cette famille serait-elle noble, je l’ignore ; il est certain qu’elle est ancienne. En effet elle doit remonter au commencement du village du même nom qui a des maisons portant les caractères du 16° siècle.

On raconte à la louange de l’un de ces deux Noailly, époux des filles Jacquet, que pendant la révolution, se trouvant passer à la croix Noailly, il aperçut un mauvais gueux monté sur la table de la croix et travaillant à en abattre les parties supérieures. Un tel, lui dit-il ; descends ou je te descends. (il était armé d’un fusil). Le malheureux effrayé saute à bas et laisse la croix qui en effet a traversé nos troubles sans être endommagée.

CHAPITRE 10° FAMILLE D’ANDRE PORTIER ET MARGUERITE JACQUET, MARIES LE 4 FEVRIER 1766

Déjà depuis long-temps la famille Jacquet et la famille Portier étaient parentes, lorsqu’en 1766 et le 4 février, après avoir reçu de Mgr l’évèque de Clermont dispense pour le troisème degré de consanguinité, deux mariages furent célébrés, le premier entre Pierre Jacquet et Nicole Portier, le second entre André Portier, frère de Nicole et Marguerite Jacquet, soeur de Pierre. Ces deux mariages ne firent donc que renouveler une parenté déjà existente.

André Portier était propriétaire au village Tachon ; il était fils de Jean et de Marie Goutaudier. Outre sa soeur, Nicole, épouse de Pierre Jacquet, il avait deux frères, Claude mort vieux garçon en 1813 et Jacques prêtre dont il sera parlé au chapitre suivant.

André Portier et Marguerite Jacquet n’eurent qu’un fils Jacques qui naquit le 2 novembre 1784. Jacques Portier, le 16 novembre 1814 épousa Jeannette Auroy fille de Claude et de Marie Désormières, propriétaires aux Ormières, commune de Saint-Nicolas des Biefs. Jacques Portier et Jeannette Auroy ont eut 6 enfants. L’aînée et la troisième sont allés quelques mois après la grâce du baptême jouir du bonheur que Dieu a préparé à ses élus.

Le cinquième Jean-Marie né le 22 mai 1825 mourut le 28 février 1841. Il avait commencé avec succès ses études cléricales ; il était d’un caractère gai, savait déjà intéresser la conversation par ses bons mots. Dans la longue maladie qui nous l’enlevat, il édifia tous ceux qui le visitèrent par sa résignation à la volonté de Dieu ; il quitta la terre et ce fut, dit M. Dumas vicaire, un ange de plus dans le ciel. Les trois qui restent sont :

- Jacques, né le 26 novembre 1820
- Marie, née le 2 mars 1819
- Anne-Marie, née le 8 juin 1827
Marguerite Jacquet mourut le 18 avril 1818 ; André Portier la suivit le 24 juillet 1820 leur fils paya aussi la dette commune le 30 juin 1834 âgé de 50 ans. Jacques Portier était un homme excellent envers les pauvres, charitable, facile à oublier les injures pour laisser un libre cours à son esprit de bienfaisance.

CHAPITRE 11° MONSIEUR L’ABBE PORTIER

Monsieur l’abbé Portier naquit le 2 juillet 1749. Il avait beaucoup de talents, ami de la science, il se plaisait à la cultiver dans les jeunes gens. Le petit collège de Billon qui maintenant languit florissait sous sa sage direction. C’est là qu’en qualité de Principal il encourageait en même temps les lettres et la vertu par son exemple, quand les troubles de la révolution amenèrent le désastre parmi nous ; alors il vit d’un oeil tranquile sa bibliothèque devenir la proie des flammes, son mobilier pillé parce qu’il avait mis sa confiance dans des biens plus durables.

Vainement la convention lui demanda son serment ; l’exil lui fut plus doux que les promesses et les honneurs d’un monde corrompu. Dans ses ennuis il s’encourageait lui-même se représentant que Dieu lui adressait ces paroles du Livre de Josué : “soyez ferme et courageux, ne craignez point et ne vous épouvantez pas ; car quelque part que vous alliez, le Seigneur sera avec vous”, se ressouvenant aussi que “le nom de celui qui aura vaincu ne sera point effacé du Livre de loi”. En 1792, époque à laquelle Monsieur l’abbé Portier refusa son serment la fureur de nos révolutionnaires n’était point encore à son comble ; aussi il lui fut offert ou de donner son serment ou de s’exiler.

Après donc s’être refusé à un acte réprouvé par l’église, il se hâta de passer en Suisse accompagné de Monsieur Gauchet, curé de Saint-Bonnet, de Monsieur Jacquet, curé des Noés et de Monsieur l’abbé Rigolet de Changy, tous amis intimes, tous généreux confesseurs de la foi qui se glorifiaient d’avoir été jugés dignes de souffrir pour le nom de Jésus-Christ ; qui auraient préféré mille morts plutôt que d’enfreindre la loi de Dieu.
Des tyrans peuvent bien faire la guerre aux Saints ; mais ils ne sauraient vaincre leurs armes ; ils puisent le courage à la source même et voilà pourquoi ils sont si forts.

Cependant Monsieur Portier se souvint dans l’exil que la convention avait privé bien des paroisses de leurs pasteurs ; que dans un pays autrefois si riche, maintenant des enfants demandaient du pain sans qu’il se trouvat personne pour le leur rompre. Cette pensée lui fit mépriser tous les dangers. Il chercha donc aussitôt l’occasion de rentrer en France sous le secret.

Le feu de la révolution avait encore toute son activité ; toujours les tyrans avaient le bras levé sur les têtes sacerdotales prêt à répandre le sang, quand on vit Monsieur Portier voler au secours des âmes abandonnées.

Alors les montagnes de l’Auvergne et une partie du Bourbonnais furent témoin de son zèle tout apostolique. On le vit caché sous un habit autre que le sien, aller au péril de sa vie de village en village, prêchant la bonne nouvelle, relevant ceux qui étaient tombés, consolant et encourageant les faibles, se réjouissant avec les forts, se faisant tout à tous pour les sauver.

Pendant le jour il prenait quelque peu de repos, dans l’ombre de la nuit il faisait ses courses, offrait le Saint Sacrifice, entendait les confessions, instruisait les ignorants, portait le pain de vie aux malades, en un mot remplissait tous les devoirs d’un zèlé pasteur.

Qui pourrait maintenant raconter toutes les souffrances que sa charité lui attira pendant ces temps de triste mémoire. Son humilité les a gardées dans le secret ; il lui a suffit d’en conserver le mérite. Pendant son exil il eut à souffrir tout ce que la pauvreté a de rebutant. Pendant qu’après être rentré il exerçait en secret son zèle, son dénuement fut aussi complet. Souvent un morçeau de pain noir fut tout son régal.

Après la cessation des troubles il fut curé à Ferrière, puis aumonier de l’hopital de Cusset, enfin curé à Vernay. Usé de fatigues et d’âge, il se retira dans son domaine du Colombier, commune du Mayet de Montagne, où bientôt après il s’endormit dans la paix du Seigneur le 27 novembre 1825, âgé de 76 ans et 5 mois. Ayant fait violence au ciel qui la souffre, nous avons la douce espérance que vaillant, il l’aura emporté d’assaut et que Dieu aura couronné ses vertus.

Sans entrer dans de plus longs détails nous ajouterons que Monsieur Portier avait une patience à toute épreuve, qui lui fit mettre à profit les misères de la vie. Pendant la révolution, arrivé secrètement dans un château de confiance il fut reçu avec empressement, présenté à Madame qui étant bien malade refusait tout remède. Sur ses sollicitations, elle lui promit d’accepter un verre de tisane. La tisane préparée lui fut apportée ; Madame l’accepta et la lui jeta avec force au visage. Monsieur l’abbé sans s’émouvoir tira son mouchoir, s’essuya et lui dit : “Madame, j’avais en effet besoin de rafraichissement, peut-être la tisane me sera plus utile qu’elle ne l’eut été à vous-même j’ai l’honneur de vous remercier”.

Sur la demande de sa famille, après avoir obtenu les licences voulues le 24 juin 1844, ses dépouilles mortelles furent relevées du Mayet et transportées à Saint-Bonnet des Quarts.

Ce fut alors que la reconnaissance se montra avec une effusion indicible. Toutes les paroisses voisines étaient accourues pour lui témoigner leur regret. Sur le chemin, la foule se pressait ; de pieuses personnes venues de loin l’accompagnaient encore vers Saint-Bonnet sans s’inquieter si le soir se faisait. Quelques fois elles faisaient signe aux porteurs de le déposer, afin de pouvoir se mettre à genoux et prier avec plus de contentement.

Alors on entendit des personnes qui se disaient : “c’est lui qui au plus fort de la révolution a procuré à mon père les derniers secours de la religion ; c’est lui qui au péril de sa vie méprisait les fatigues pour venir dans notre village exercer son zèle ; c’est lui qui a confessé ma mère sur son lit de mort ; c’est lui qui m’a préparé à la première communion c’est lui qui m’a préservé de mille fautes par ses bons conseils.

Le 25 un nombreux clergé assemblé à Saint-Bonnet vint sollennellement au devant de ces précieux restes. Les ossements de Monsieur Gauchet aussi furent enlevés du tombeau pour être portés dans le nouveau cimetière. Ces deux amis furent encore réunis sur la terre. Les deux cercueils reposaient côté à côté. Au dessus deux étoles pour symbole de charité mutuelle s’enlaçaient. Le Saint Sacrifice fut offert avec toute la sollennité possible dans une campagne. Vers les 11 heures ils furent portés au nouveau cimetière, où ils reposent en attendant la résurection glorieuse.

CHAPITRE 12° CONTINUATION DE L’HISTOIRE DE JACQUES JACQUET

Jacques Jacquet était marchand de boeufs ; il gagna beaucoup dans ce genre de commerce
durant sa longue administration, il acquit à la communauté :

- 1° le domaine Quillet quant à la moitié seulement.
- 2° le domaine Marmin ; dont la moitié fut acquise de Monsieur de La Fayolle, prêtre de la mission, Congrégation de Saint-Vincent de Paul, demeurant à Versailles. Cette
moitié coutait 250 £ à rente perpétuelle. Cette acquisition eu lieu vers l’an 1757.
Le domaine Quillet vient aussi de La Fayolle.
- 3° un vigneronage à Changy.
- 4° un autre vigneronnage à Ambierle appelé Maridet
- 5° Le domaine Bassin
- 6° plusieurs prés bois et terres aux Biefs.
- 7° il fit bâtir le clocher ; fut le parrain de la cloche dont la date est de 1757. La marraine fut Claudine Jacquet, sa soeur, épouse de François Barret, dont la cloche porte aussi le nom.

En 1776, Pierre Jacquet fils de Jacques fit construire le corps de bâtiment actuellement occupé par Monsieur Degolange et le granger de Gilbert Sérol ; peu auparavant il avait fait bâtir une grange.

Au mariage de la dite Antoinette Barret il lui fut constitué une somme de 800 £ et son trousseau qui fut estimé à 120 £. Il fut en outre stipulé qu’elle participerait aux acquisitions qui se feraient pendant le mariage.

Ses filles Marie et Françoise, épouses Noailly furent dotées de la somme de 1400 £ chacune, somme dont les payements furent beaucoup prolongés au moins en partie. Les choses en restèrent à ce point jusqu’en 1775, époque à la quelle commença le procès entre les Jacquet et les Noailly.

Les Noailly réclamaient deux septième des biens laissés par Antoinette Barret morte intestat ; Jacques Jacquet répondait qu’il avait suffisamment doté ses enfants. Après de longs débats devant les juges du baillage d’Ambierle les Jacquet demandèrent que les biens laissés par Antoinette Barret fussent estimés par experts nommés par les parties.

En 1778 les parties transigèrent. Pierre Jacquet, qui depuis son mariage avec Nicole Portier faisait toutes les affaires quoiqu’il n’agit que de concert avec Jacques, son père, Pierre Jacquet dis-je, s’obligea à payer les frais et à donner à chacune des femmes Noailly la somme de 1.200 £, après quoi, les Noailly lui tenaient quitte de tout, même de leurs droits à la succession de Jacques Jacquet. Cependant les Noailly revinrent à la charge ; en 1784 la chose n’était pas encore terminée. Je n’ai pu découvrir comment cela se termina.

Jacques Jacquet mourut le 25 janvier 1784 faisant sa 88ème année. Son fils Pierre en avait alors 52. Depuis 18 ans il s’était retiré des affaires ; dans son grand âge il était devenu tout enfant. A cette époque, le village n’était plus connu que sous le nom de Gaucher.


CHAPITRE 13° QUELQUE CHOSE SUR L’AUTRE FAMILLE JACQUET DES GAUCHERS ET SUR MONSIEUR JACQUET, CURE DES NOES

Au moment où Pierre Jacquet, donataire de Jacques entra dans l’administration de la communauté, les trois co-personniers étaient André Barret son cousin au troisième degré, Nicolas Pinet son cousin au même degré ou à un degré plus éloigné et père de Monsieur l’abbé Pinet et François Jacquet aussi son parent, mais à un degré plus éloigné puisqu’il descend de Simon Jacquet et Simone Jacquet, père et mère de Michelle Jacquet qui fut épouse de Simon Jacquet, ainsi que cela est expliqué aux chapitres 2° et 3°.

François Jacquet naquit le 13 mars 1750 ; il était fils d’Antoine et de Marguerite Morel qui eurent plusieurs enfants de 1740 à 1750. Il épousa ensuite Antoinette Martin d’Ambierle, connue sous le nom de l’Ardoise. François Jacquet et Antoinette Martin eurent un fils Jacques, qui se noya à l’âge de 2 ou 3 ans et deux filles, Marguerite femme Sève et Magdeleine femme Poyet de Crémaux.

François Jacquet fut le parrain de l’oncle Marmin du même nom. C’était un homme d’une force de corps extraordinaire ; il mourut jeune encore.

Il avait pour frère Jacques Jacquet, curé des Noés, décédé à Renaison vers la fin de l’année 1823 ou le commencement de 1824. Quoique je ne sache pas au juste son âge, il devait avoir près de 80 ans.

Monsieur l’abbé Jacquet fut d’abord vicaire à Renaison sous Monsieur Beauchant. De là il fut nommé curé aux Noés où il resta jusqu’à la révolution. Nous avons déjà dit au chapitre 11° que, généreux confesseur Monsieur Jacquet s’exila avec trois confrères après avoir refusé leur serment. Mais bientôt, méprisant les dangers il revint auprès du troupeau qui lui avait été confié. Il est à présumer que parti avec Monsieur Portier ils revinrent ensemble.

De retour il exerça son zèle dans les paroisses des Noés, pour laquelle il eut toujours une attention toute particulière, de Saint Martin d’Estreaux, du Crozet, de Changy, de Saint Bonnet des Quarts. Son zèle ne fut pas moindre que celui de Monsieur Portier ; comme lui, sans demeure fixe, il était toujours prêt à voler partout où besoin était.

Déjà, il avait été exposé à biens des contradictions, cependant Dieu qui l’aimait voulait encore lui envoyer de nouvelles épreuves. Des impies acharnées avaient juré sa perte. Souvent pendant les troubles il s’était retiré aux Gauchers où plusieurs fois il avait offert le Saint Sacrifice. Plusieurs fois aussi, il avait trouvé asile chez Jacques Goutaudier, qui au rapport de Monsieur Gauchet “a singulièrement mérité de la religion pour avoir caché chez lui des prêtres qui malgré la terreur exercaient le saint ministère soit secrètement soit même publiquement et donnaient les secours spirituels aux catholiques de cette paroisse”.

Le zèle de Monsieur Jacquet ne faisait qu’alimenter la fureur de ses ennemis ; la révolution touchait à sa fin et la rage de ces forcenés ne se ralentissait pas. On soupçonne Monsieur Jacquet aux Gauchers ; aussitôt une bande de scélérats monte au village et le cerne. Monsieur l’abbé voyant qu’il n’avait d’autres moyens d’échapper, saute par la fenêtre de sa chambre, haute de près de trois mètres et se dirige à grands pas vers le bois des taillis ; mais aussitôt il est découvert ; un cri de joie mêlé d’imprécations se fait entendre. Un agneau est au milieu des loups !

Ces barbares oseraient-ils porter sur sa personne sacrée leurs mains impies ! un sacrilège n’est rien à leurs yeux ; ils arrêtent ce prêtre vénérable, l’accablant d’injures les plus grossières ; chargé de fers il est conduit à la prison de Roanne puis à celle de Montbrison, ayant chaque jour à souffrir ce que la haine contre la religion à de plus révoltant.

Cependant Monsieur Sève prit en main la cause de son digne oncle et après quelques temps obtint en effet son élargissement. Après la cessation des troubles, il fut nommé curé à Renaison, mais par délicatesse il refusa et préfera retourner aux Noés. De retour dans cette paroisse, il trouva l’église dans un dénuement complet. Son premier soin fut de la faire réparer de manière à pouvoir offrir décemment l’auguste sacrifice. Tout ce qu’il avait, était employé au bien de sa paroisse où il était regardé comme un bon père. Des vieillards qui m’en ont parlé, n’en savent que dire du bien. Il se plaisait surtout beaucoup à catéchiser les enfants, à leur apprendre à aimer la vertu. Jamais il ne s’absentait ; la résidence était pour lui un point capital ; quand il fallait visiter un malade il n’y avait point de dangers pour lui.

Monsieur le curé des Noés aimait ses ennemis comme lui-même. Un jour qu’aux Noés il disait secrètement la Sainte messe dans une grange, un mauvais gueux passant devant, s’en aperçut et tira un coup de fusil contre la porte qui avait de larges

Ce malheureux dans la suite s’est trouvé réduit à une pauvreté dégoutante ; abandonné de tout le monde, il eut recours à Monsieur le curé qui en effet prit pitié de lui et le nourrit dans ses dernières années.

Autant Monsieur Jacquet s’inquiétait des soins de son église et de sa paroisse, autant il s’oubliait lui-même. Il se distinguait par un grand esprit de pauvreté. Il habitait un presbytère tout délabré. Jamais il ne demanda rien pour le réparer. Enfin, après avoir servi la paroisse des Noés avant ou après la révolution pendant environ 40 ans, il se retira dans un petit vigneronage qu’il avait à Renaison ; là après avoir tout mis de côté, il passa deux ans dans la retraite et la prière, se préparant chaque jour au compte que son grand âge et ses infirmités lui annonçaient qu’il rendrait bientôt à Dieu.

CHAPITRE 14° MOEURS DE LA COMMUNAUTE DES GAUCHERS

Plusieurs mariages avaient eu lieu entre les quatre co-personniers ; on eut dit qu’ils avaient pour principe de ne pas aller plus loin quand ils pouvaient s’accommoder ensemble aussi on voit par ce qu’il a été dit dans les chapitres précédents qu’ils étaient tous parents ensemble et vivaient dans un accord parfait.

Sous l’administration de Jacques Jacquet, pendant le 18° siècle, époque où une curée d’impies, revêtus du prétendu titre de philosophes et qui auraient mieux été nommés ennemis de la sagesse ; qui croyaient tout savoir et ne savaient rien ; qui à l’abri des faiblesses d’un roi efféminé (Louis XV) innondèrent la France d’une fausse doctrine, pour la dévorer ensuite comme l’aigle dévore un cadavre, s’imaginant follement que le christianisme avait fait son temps et que désormais il aurait beaux jeux, selon l’expression du faux philosophe de Ferney ; à l’époque dis-je où ils couvraient la France de leurs sarcasmes et faisaient partout retentir leurs blasphèmes, préparant ainsi les grandes et tristes catastrophes qui ont suivi, le hameau Gaucher était resté dans une simplicité prodigieuse.

Ses habitants vivaient dans une ignorance complète de tout ce qui se passe dans le grand monde. Sans le savoir Seyrais les avait peint en disant :

Heureux qui se nourrit du lait de ses brebis
Et qui de leurs toisons voit filer ses habits ;
Qui ne sait d’autres mers que la Marne ou la Seine
Et qui croit que tout finit où finit son domaine.

Ces riches paysans ne portaient jamais des souliers, si l’on excepte quelques circonstances extraordinaires ; s’ils en eussent porté souvent ils se seraient cru ruinés. Ils étaient vêtu très simplement ; comme dit le poëte déjà cité de la toison de leurs brebis ils voyaient filer leurs habits, qui étaient ordinairement en droguet, à l’exception des gilets qu’ils voulaient en velour rouge et seulement en velour rouge. Leurs bas étaient aussi en droguet le plus souvent, coupés et cousus par un tailleur.

Ils vivaient tous ensemble, savoir les quatre personniers et leurs domestiques à peu près au nombre de 15, ne faisant qu’un seul ménage, mangeant selon le langage du temps de la soupe de la grande marmite.

Cette grande marmite avait une forme curieuse ; c’était un globe tronqué, dont l’ouverture se terminait par un évasement semblable à un entonnoir haut à peu près de 7 centimètres (2 pouces et demi), l’épaisseur de cette marmite était considérable, elle égalait un centimètre au moins (4 ou 5 lignes). Comme cette marmite était fort lourde, pour éviter la peine on ne la descendait pas de dessus le feu ; mais lorsque les soupes étaient trempées on la détournait pour la faire reposer sur un piédestal disposé pour cela

Si l’on payait un domestique fort luron plus d’un louis (24 £), c’était cher à faire peur. Outre ce louis qui était le prix suprême, chaque domestique gagnait un habit de droguet, quelques paires de sabbots, un chapeau, deux chemises ; c’était là toute leur toilette ; de cette manière, le louis était mis de côté franc. Pierre Jacquet a dû à la fois à un de ses domestiques 14 louis pour 14 années de service.

Ce qui est encore plus surprenant, c’est que ces braves gens sans y penser aucun mal et partant à les entendre avec la plus grande franchise du monde, se plaignaient toujours ; à les entendre vous les eussiez pris pour des hommes réellement fort gueux.

Quand ils allaient au bois, quoiqu’ils en eussent beaucoup et en bonne valeur, ils faisaient d’abord tout le tour sans trouver aucun arbre qui mérite d’être abattu ; puis ils commençaient un second tour et en choisissaient un qu’ils coupaient à regret. Quand le char arrivait au village, le premier qui le voyait disait au conducteur : “tu y amènes donc tout” !
Un titre de 1777 dit que c’était la communauté la plus riche des environs au rapport de tout le monde. Aujourd’hui toutes leurs propriétés telles quelles étaient dans le temps iraient à plus de 700.000 £ ; les bois seuls en feraient plus de 400.000.

Ils avaient coutume de ne faire chaque année qu’une vente de boeufs, soit de ceux de leurs propriétés, soit de ceux de leurs domaines, alors des bouchers venaient de Lyon expres pour les acheter.

On raconte que le schisme de la communauté commença après le mariage de François Jacquet avec Antoinette Martin d’Ambierle, connue sous le nom de l’Ardoise et qui eut lieu vers l’an 1770. Arrivée au village elle ne voulut point manger de la soupe de la grande-marmite qui était, disait-elle, trop sale ; elle ne voulut pas non plus que son mari en mangea d’avantage. En vain chercha-t-on à la gagner, elle résista avec fermeté ; elle était dit-on un peu fière ; pour tout pacifier les quatre personniers commençèrent par faire chacun leur table ; bientôt ils eurent chacun leur logement ; enfin en 1777 eut lieu la dissolution de la communauté, comme il sera dit plus bas, chapitre 20.

CHAPITRE 15° FAMILLE DE PIERRE JACQUET ET NICOLE PORTIER, MARIES LE 4 FEVRIER 1766

Nicole Portier était soeur d’André et de Monsieur l’abbé Portier, cousine de Pierre Jacquet au troisème degré, d’après dispense reçue de Monseigneur l’évèque de Clermont, elle épousa Pierre Jacquet le 4 février 1766, le même jour que son frère André épousa Marguerite Jacquet, soeur de Pierre. De l’union de Pierre Jacquet avec Nicole Portier naquirent deux filles, savoir Marie née le 5 février 1767 et Jeanne Benoite née le 24 novembre 1768.

Marie Jacquet, le 27 décembre 1787 accepta la main de Jean Martin d’Arfeuilles. Entre autres enfants de cette union, leur fille Marguerite épousa Jean Verot de Changy ; ce dernier mariage donna encore naissance à un dernier rejeton ; et bientôt après, la branche s’éteignit ; de sorte que Pierre Jacquet étant devenu l’héritier de son arrière- petit-fils, cette famille ne vint point au partage.

Nicole Portier, le 8 avril 1769, après 3 ans et deux mois de mariage mourut. En contractant, son époux fut constitué donataire de Jacques Jacquet, à la charge de payer les dettes de ce dernier, la somme de 1.000 £ et un trousseau à Marguerite, épouse d’André Portier. Dans ce contrat, Jacques Jacquet déclare avoir suffisamment légitimé ses autres enfants. A dater de ce mariage, Pierre Jacquet prit aussi le gouvernail de la communauté qu’il garda jusqu’au partage.

Jeanne Benoite Jacquet, soeur de Marie, fille de Pierre et Nicole, le 9 pluviose, an 7 (commencement de 1799) épousa Gilbert Marquet, fils de Jean et de Claudine Royer, propriétaire au moulin Pinet. Ils ont eut 6 enfants ; deux sont morts ayant l’innocence baptismale ; les autres quatre sont, Claudine née vers la fin de 1799, Jean-Marie né le 11 septembre 1801, françois, né le 11 janvier 1806, Antoine né le 29 janvier 1809.
L’aînée, Claudine épousa le 24 novembre 1824 Jean Goutay propriétaire à Saint-Haon le Chatel. De ce dernier mariage sont nés sept enfants, Marie, Jean, Jean-Marie, Antoinette
Marie, Marie-Anne, Marie.

Jean-Marie, frère de Claudine épousa le 16 février 1841 Jeanne Murcier, fille de Claude Murcier et de Marguerite Monloup comme cela est expliqué au chapitre 6ème. Ils ont eu deux enfants, Claude né le 28 décembre 1841 et Jeanne-Marie, née le 4 août 1843.

Jeanne-Benoite Jacquet est morte le 21 mars 1844 faisant sa 75ème année. Jeanne-Benoite était une femme aimant la paix, craignant Dieu, d’une piété sans faille, conservant toute la simplicité et la bonhomie des habitants du village Gaucher au 18ème siècle.

CHAPITRE 16° PARENTE DE MARIE-ANNE SEROL, SECONDE EPOUSE DE PIERRE JACQUET

Marie-Anne Sérol était fille de Gilbert, propriétaire à Ambierle et de Renette Rousset de Saint-André d’Apchon. Gilbert Sérol, son père avait pour frère Claude Sérol dit Temelly qui épousa une George dit Sofferant. Claude Sérol et George, sa femme eurent quatre enfants savoir : Jean époux de Jeanne-Marie Noailly dont il est dit quelque chose au chapitre 8ème ; la seconde, Louise épouse d’Antoine Pottier ; la troisième, Claudine, mariée à Saint-Germain l’Espinasse, la quatrième Jacqueline épouse de Claude Marquet d’Ambierle. Jean Sérol et Jeanne-Marie Noailly ont quatre fils, Pierre, Jean-Baptiste, François et Nicolas.

Marie-Anne Sérol était soeur de Gilbert, François, Claudine, Claude. Gilbert, fils de Gilbert se maria à Changy ; il eut un fils et trois filles. Le fils est mort garçon à l’âge de 24 ans. Les trois filles sont Claudine, femme Ailler, Marie épouse d’un surnommé Betête
et Françoise, épouse de Pierre Colombat surnommé prince des vérous.

François, second frère de Marie-Anne Sérol épousa Catherine Tissier de Neulise. La famille Tissier est une famille distinguée dans l’endroit.

Claudine soeur de Marie-Anne Sérol épousa Jean George dit Sofférant, mais non de la famille des Sofférants, du village des Georges, commune d’Ambierle. ils ont eut cinq enfants savoir : Renette épouse de Mathieu Darlay village d’Haute-ville ; l’épouse de Jean Detour, Nicolas, François époux de Marie Lagoutte et Renette épouse de Claude Goutard de Saint-Forgeux l’Espinasse.

Claude frère le plus jeune de Marie-Anne Sérol épousa en janvier 1790 Françoise Peurière soeur de Monsieur Jean-Marie Rosalie Peurière, ancient avocat, maintenant juge d’instruction au tribunal civil de Roanne. Claude Sérol et Françoise Peurière ont laissé trois fils, Gilbert, Mathieu et Jean-Marie-Rosalie.

Gilbert naquit en janvier 1793, Mathieu le 23 octobre 1794 et Jean-Marie-Rosalie en juin 1799.

Gilbert Sérol fils aîné de Claude et de Françoise Peurière épousa Magdeleine Bertelier de Saint-Romain la Motte, fille de Jean maire de Saint-Romain et de Jeanne-Marie Chapuis
propriétaires au château La Motte ; Magdeleine était soeur de Monsieur Louis Bertelier actuellement maire d’Ambierle. Gilbert Sérol et Magdeleine Bertelier eurent trois filles, Marie, Magdeleine et Jeanne-Marie. Marie mourut chez son père à l’âge de 18 ans, Jeanne-Marie épousa le 19 février 1837 Claude Genot du village Noailly, commune d’Ambierle.

Après 4 ans de mariage, ils sont morts tous les deux laissant deux enfants, Claude et Magdeleine. Magdeleine le même jour, 19 février 1837 épousa Claude Jacquet, fils de François et de Jeanne Mottet, propriétaires aux Marmins, commune de Saint-Bonnet des Quarts et petit-fils de Marie-Anne Sérol, ils étaient par conséquent cousins tous les deux au troisième degré. Ils ont donné naissance à deux filles, Jeanne née le 15 9bre 1837 et Jeanne-Marie, née le premier octobre 1839. Magdeleine Bertelier mourut le 3 septembre 1823 ; Gilbert Sérol a épousé en secondes noces Marie-Anne Noailly en février 1827, ce dernier mariage a donné naissance à un fils Claude né en septembre 1832, et qui est le seul enfant mâle de toute cette famille.

Mathieu Sérol cadet de Claude et de Françoise Peurière, en 1814 contracta mariage civil avec Jeanne-Marie Bertelier, soeur de Magdeleine Bertelier dont il vient d’être parlé. Le mariage religieux ne fut célébré qu’en 1820. Mathieu Sérol et Jeanne-Marie Bertelier ont eut cinq filles, Rosalie-Magdeleine née le 2 juin 1821, Louise née le 1° Novembre 1823, Annette née le 28 juillet 1825, Jeanne-Marie née le 6 mai 1829, Françoise-Rosalie née le 16 mai 1837.

Jean-Marie-Rosalie Sérol épousa en 1825 Annette Aherbin de Changy ; durant un mariage de neuf ans ils ont eu trois filles : Agathe née le 16 février 1825 et deux jumelles, Françoise et Gilberte nées le 15 mai 1830.

Renette Rousset, mère de Marie-Anne Sérol avait un frère Benoit Rousset, oncle de Marie-Anne Sérol, curé de Bagnols près le bois d’Oingt. Jusqu’à présent je n’ai pas pu connaître grand chose de sa vie. Renette Rousset mourut au mois d’octobre 1799 ; Claude Sérol, son mari mourut le 17 septembre 1830, muni des derniers secours de la religion. Claude Sérol mérita bien du clergé ; pendant tout le temps de la révolution il nourrit et logea plusieurs prêtres ; presque continuellement il en avait un, deux, trois chez lui où ils offraient le Saint Sacrement en présence de quelques fidèles de confiance. Selon le conseil de Saint Paul, il cherchait à avoir la paix avec tout le monde même avec les gendarmes et autres employés à la recherche des têtes sacerdotales ; s’il les aperçevait venir, il cachait vite ses prêtres, leur payait un coup à boire et ils s’en retournaient contents. Cependant il fut soupçonné de bien faire, ce qui aux yeux des terroristes était un crime irrémissible, aussi plusieurs fois il faillit périr en haine de la religion.

Quand alors il craignait une visite de gendarmes ou autres nouveaux inquisiteurs, si les prêtres qui étaient chez lui n’avaient pas un équipage convenable il le leur fournissait, c’était quelques vieux habits de paysans, un chapeau plat puis il les conduisait dans l’ombre de la nuit ou les faisait conduire chez les Auroy des Ormières, commune de Saint-Nicolas des Biefs ou chez Monsieur Gouthier de Changy, autre maison de refuge.

CHAPITRE 17° AUTRE BRANCHE DE LA PARENTE DE MARIE-ANNE SEROL

Gilbert Sérol, père de Marie-Anne était cousin au second ou troisième degré avec Claude Sérol des Bournats, père d’autre Claude Sérol des Bournats, mort le 21 février 1844, âgé de 74 ans. Claude Sérol, père de ce dernier avait un frère curé de Noailly, homme libéral, chéri de sa paroisse, d’un talent distingué, s’élevant avec force contre les vices, mort assez jeune vers 1810.

Claude Sérol, second du nom avait une soeur Claudine-Marie qui épousa Jean Odin, propriétaire à Ambierle. Ce mariage a donné naissance à sept enfants :

- l’aînée Berton a épousé Monsieur Thevenet de Chandon, canton de Charlieu
- la seconde Marie a épousé Claude Biosset dit Grand-Louis de la Croix du Sud
- le troisième Jean fermier à Lespinasse a épousé Benoite Servier
- le quatrième épicier à Lyon mourut en 1842
- le cinquième Monseigneur Jean-Marie Odin, évêque de Claudiopolis
- la sixième Benoite est restée dans le célibat
- la septième Joséphine est religieuse de l’ordre de Saint-Charles

Claudine-Marie Sérol mourut en juillet 1843, déjà depuis plusieurs années son mari avait payé la dette commune.

CHAPITRE 18° MONSEIGNEUR JEAN-MARIE ODIN,EVEQUE DE CLAUDIOPOLIS VICAIRE APOSTOLIQUE DU TEXAS AMERIQUE DU NORD

Le cinquième enfant de Claudine-Marie Sérol et Jean Odin fut, avons-nous dit Monseigneur Jean-Marie Odin, né en 1799, actuellement évêque de Claudiopolis, vicaire apostolique du Texas, Amérique du Nord.

Il fit ses premières études sous Monsieur Sérol, curé de Noailly, oncle de sa mère ; il alla ensuite les continuer au collège de Roanne, puis à Verrière, puis il étudia la philosophie au séminaire de l’Argentière et après avoir fait en partie sa théologie au séminaire Saint-Irénée de Lyon ; en 1822, le 8 mai, il partit pour l’Amérique où il arriva le 11 juillet. Dans le courant de l’année suivante - 1823 - par une dispense d’âge il fut ordonné prêtre à la Nouvelle-Orléans.

Homme de dévouement et d’un mérite reconnu, de bonne heure il sentit le prix des âmes ; considérant ce qu’elles ont coûté à notre divin Sauveur un feu céleste s’enflamma dans son coeur. Une vie toute de fatigues, un climat sujet à mille variations, passant subitement d’une chaleur brulante à un froid extrême, un pays dont la fièvre jaune dévore les habitants, la privation de tout ce que l’homme charnel estime une suite de périls......., tout cela..... murement examiné ne fit qu’animer son zèle; voller au secours des pauvres sauvages ses frères, telle fut son ambition. Mais entendons le parler lui-même dans différentes lettres venues du Nouveau-Monde, où nous verrons toute la beauté de ses nobles sentiments.

Dans une de ses premières lettres écrite de la Louisiane le 12 février 1823 à une de ses cousines, “mes larmes, dit-il, ont coulé en apprenant la tristesse que mon éloignement a causé dans une famille que j’aime si tendrement ; Dieu le sait, ce n’est que pour obéir à la volonté du ciel que j’ai tout abandonné. Si cette divine providence qui m’appelait au secours de mes pauvres frères plongés dans les ténèbres de l’erreur ne m’eut soutenu, aurais-je été capable de me décider à quitter des personnes qui me chérissaient si tendrement. Si tu étais témoin des besoins spirituels de tant de pauvres âmes qui languissent dans la plus affreuse ignorance, que tu serais touchée de leurs malheurs ; que l’aveuglement de tant de pauvres sauvages, de tant d’hérétiques t’affligerait ! C’est ici que l’enfer absorbe des victimes ; elles tombent dans l’abîme sans s’en douter. Nous comptons dans la Louisiane plus de 40 nations sauvages, parmi lesquelles la foi n’a point été annoncée, ou du moins très peu. Les protestants et les mauvais catholiques tout aussi en grand nombre ; à peine sommes-nous 50 missionnaires pour travailler au salut de tant d’infortune”.

Il se plaint ensuite du manque d’ouvriers ; craint qu’on soit obligé de différer la mission des sauvages qui témoignent de si bonnes dispositions, jusqu’à demander eux-mêmes des prêtres. La plus part des missionnaires vivent bien pauvrement ; mais tout cela n’est rien ; la plus grande privation et surtout la plus sensible est l’isolement où l’on se voit. quelque fois un missionnaire est seul pendant 4 mois ; il y en a qui sont à plus de 100 lieues de leurs confrères ; que de dangers les environnent.

A l’époque où Mgr Odin écrivait cette lettre, nouvellement arrivé en Amérique, il se préparait à reçevoir la prêtrise ; il engageait sa cousine à prier Dieu “de le remplir de son esprit ; de l’animer du zèle du salut des âmes et de lui donner le courage pour sa propre sanctification. “ Ho! Sauvons nos propres âmes ; elles ont coûté si cher à notre Dieu ; pensons au ciel, c’est là notre véritable patrie”

Lorsque tu verras ma bonne mère et mon père, travaille à les consoler, à leur faire envisager d’un oeil chrétien la grâce que Dieu leur a faite en me choisissant pour les missions”

Le 2 janvier 1824, il annonce plusieurs conversions frappantes. Ho! dit-il, si le nombre des ouvriers était un peu plus considérable, que d’âmes sortiraient des ténèbres de la mort, je suis allé il y a quelques jours faire une petite mission à 10 lieues d’ici ; que je fus satisfait de voir leur empressement pour entendre parler de Dieu ; mais aussi que leur ignorance me toucha : encore je ne pus rester assez pour les instruire ; avec le secours de la grâce il ne sera pas difficile de ramener ces peuplades, de les attirer au christianisme. Priez mes bonnes tantes pour ces pauvres peuples ; qu’ils sont dignes de pitié ; conjurez le Seigneur de nous envoyer quelques bons prêtres”. Il parle ensuite de son ordination, se plaint d’avoir un coeur glacé.

Le 18 mars 1831, des bords du Missouri il écrit : “Chère cousine, qu’il est consolant de voir combien de bénédictions le Seigneur répand sur les travaux des ouvriers évangéliques de notre Amérique... Nous pouvons en toute liberté annoncer et propager les dogmes consolants de notre Sainte Religion ; l’étendard de la foi est arboré de toute part, jusque chez nos sauvages ; beaucoup d’infidèles se soumettent au joug de l’évangile ; des centaines de sauvages ont reçu le baptême dans le courant de l’année dernière ; les protestants reviennent de leurs préjugés contre l’église catholique ; les établissements religieux se multiplient, partout ont élève de nouvelles églises. Nous sommes souvent appelés pour assister des protestants à l’article de la mort ; leur conversion est toujours solide. Notre séminaire est composé de 25 étudiants pour l’état écclésiastique”.

En 1835, Mgr Odin vint faire un tour au pays ; à son départ du Havre le 16 septembre il disait dans une lettre à sa cousine “dans quelques instants ton pauvre sauvage sera livré à la merci des vents. Prie le Dieu qui calme les tempêtes de nous conduire sains et saufs aux lieux de nos missions. Nos jeunes missionnaires sont pleins de courage ; il ont déjà vu la mer en courroux ; son aspect effrayant les a fait pâlir ; cependant il n’a point ébranlé leur ardeur.............Je vois le navire sur le point de partir ; adieu, adieu ; va voir ma pauvre mère, console la, aime la toujours ; adieu, rappelle-toi notre lieu de rendez-vous ; c’est le coeur de Jésus, vivons pour lui ; Adieu ma chère Marie, adieu France, je parts.”

Entendons le maintenant dans une missive du 22 décembre 1836 : “peu de temps après mon retour d’Europe je fus envoyé au Cap Girardeau, pour y ouvrir une mission sur les bords du Mississipi. J’eus bien lieu d’être reconnaissant pour la bonté avec laquelle les habitants daignèrent m’accueillir et pour l’empressement qu’ils montrèrent à recevoir les secours spirituels que je pouvais leur apporter. Une grande cabane de bois fut bientôt changée en chapelle et ornée de différents objets que j’avais obtenu en Europe ; tous les dimanches ce petit sanctuaire était rempli d’infidèles, et souvent ils ne pouvait pas contenir ceux qui venaient entendre la parole de Dieu et assister aux Saints mystères.

Dans très peu de temps j’ai découvert 120 personnes qui professaient la religion catholique, plusieurs d’entre elles n’avaient pas eu de prêtres depuis 35 ou 40 ans. Tous s’approchèrent du Saint tribunal. Ceux qui demeurent à une distance peu considérable de l’endroit où se trouve la chapelle vont tous les mois à la communion. Après 8 mois il m’a fallu abandonner un poste où je goutais bien des consolations. J’ai baptisé la semaine dernière un homme de 63 ans. Je prépare maintenant un capitaine des Etats-Unis, fils d’un ancien général du pays.”

Il raconte ensuite plusieurs autres conversions, se félicite du succès des missionnaires qu’il emmena en 1835 ; puis il continue : “nos sauvages nous renouvellent de temps en temps leurs pétitions pour des robes-noires. dans quelques mois nous leur enverrons une petite colonie........Je crains bien de n’être pas du nombre de ceux qui partiront les premiers pour cette intéressante mission ; que la volonté de Dieu soit faite. quel dommage que le nombre de missionnaires n’augmente pas d’avantage. de tous côté nous sommes invité à prêcher la parole de Dieu ; mais nous ne pouvons pas être partout.
Ces quelques mots tirés des lettres de Mgr Odin suffisent pour donner une idée de son zèle. Il évangélise maintenant le Texas où il est sans demeure fixe, ne sachant quelques fois où reposer son autel portatif, manquant souvent d’une chétive table pour écrire quelques mots ; allant de cabane en cabane catéchiser, instruire, administrer les sacrements.

En 1841, Mgr Blanc, évêque de la Nouvelle-Orléans lui écrivit de se rendre incontinent à cette ville pour des affaires importantes qu’il avait à lui communiquer de la part du Saint-Siège. Arrivé auprès de sa grandeur, on lui présenta les bulles de sa Sainteté qui le nommait coadjuteur du détroit et souhaitait qu’il accepte sans délai ce pesant fardeau.

Cependant il ne put s’y déterminer ; son humilité fut effrayée ; il renvoya les bulles et repartit pour le Texas. Mais la cour romaine n’ignore pas qu’un sujet est d’autant plus digne d’un emploi qu’il le refuse avec plus de courage. M. Odin crut avoir échappé à la dignité épiscopale, mais point du tout, son refus fut une nouvelle preuve de son mérite ; bientôt il lui fallut accepter le vicariat apostolique du Texas avec le titre d’évêque de Claudiopolis. Il fut sacré en 1842 à la Nouvelle-Orléans, le 6 mars par Monseigneur Blanc, assité de Monseigneur Portier et de l’évêque de Natchez.

Continuant ses courses apostoliques, il fut attaqué d’une fièvre violente “on ne saurait croire dit-il lui même, dans une lettre écrite de Galveston le 7 février 1842, on ne saurait croire tout ce que j’eus à souffrir, et des rayons d’un soleil brulant, et du manque d’eau, et de l’ardeur de la fièvre. Je crus plusieurs fois toucher à ma dernière heure ; je m’arrêtais à chaque instant pour m’étendre sur l’herbe, et aussitôt la violence du mal m’obligeait de remonter à cheval. Je ne savais où j’allais, quand je découvris une forêt. L’espoir d’y trouver quelques soulagements sous un ombrage me fit diriger ma course vers ce lieu. A peine étendu sous un arbre, je sentis que le mal allait toujours empirant ; ma soif était dévorante, lorsque la providence me fit aperçevoir dans le lointain une colonne de fumée. Je me précipitais dans cette direction. Au sein d’une famille je trouvais tous les soins de la charité la plus tendre ; je bus à longs traits et passais la nuit sous leur tente.

Le lendemain, me sentant un peu soulagé, je continuai mon voyage et je parvins enfin chez mes vieux amis du Missouri. La fièvre me quitta qu’au bout de 24 jours ; il n’y avait là ni medecin ni remède. Aussi je m’abandonnai entièrement aux soins de la providence. Dès que je fus un peu convalescent, je m’occupais de nouveau des devoirs du Saint ministère, quoiqu’il fut aisé de prévoir que la prédication et les confessions amèneraient bientôt une rechute.

Le danger du côté des sauvages n’est pas moindre que du côté de la fièvre. Dans ces pays barbares, à tout moment on risque d’être égorgé par des bandes de pillards cruels qui commettent des meurtres et des dépradations de tout genre ; mais une providence toute spéciale veille sur le Missionnaire, sa vie est précieuse, Dieu la conserve. Une bande de voleurs cachés dans un bois n’effraye pas un apôtre ; un seul adorateur de plus gagné au vrai Dieu le dédommage bien d’un danger couru. Il marche où la charité l’appelle ; le soir, il repose sous un feuillage touffu ; il dort tranquille, au plutôt il repart servir son zèle. Tel est le courage que la religion inspire au missionnaire ; s’il expose le corps, c’est pour sauver les âmes ; si dans une course il périt il est au moins martyr de sa charité. Il a toujours la bonne cause en main ; fort de Dieu il ne craint que lui et méprise le reste. Le monde est un crucifix pour lui et lui est au monde.

Cependant, ô mon Dieu le missionnaire souvent a bien des misères. Où est donc le centuple que vous lui promettez ; car je lis dans votre évangile : “je vous dis en vérité ; celui qui quittera pour moi ou pour l’évangile sa maison ou ses frères ou ses soeurs ou son père ou sa mère ou ses terres, présentement dans ce siècle même, recevra cent fois autant de maisons, de frères, de soeurs et de terres et dans le siècle à venir la vie éternelle. Je vous conprends, ô mon Dieu, vos promesses ne reposent pas sur un centuple de terre, sur des objets matériels ; vous êtes trop riche pour payer avec de la terre. Où sera donc ce centuple ? Dans les richesses spirituelles que la mort ne saurait nous ôter, il sera dans un contentement intérieur qui donne à vos serviteurs plus de vraie félicité que la possession de toute la terre ; c’est ce que vous avez fait jusqu’à présent envers tous vos Saints ; la terre est trop peu de chose pour être l’objet de vos récompenses ; la grâce intérieure, l’espoir d’une ample récompense dans la vie éternelle, voilà qui seul est digne de vous et de vos serviteurs

CHAPITRE 19° FAMILLE DE PIERRE JACQUET ET DE MARIE-ANNE SEROL MARIES VERS L’AN 1775 

Après 6 ou 7 ans de veuvage, Pierre Jacquet épousa Marie-Anne Serol d’Ambierle, fille de Gilbert et de Renette Rousset, comme cela a été expliqué au chapitre 16°. De cette union sont nés 10 enfants, savoir :

- Gilbert, né le 23 novembre 1776, décédé chez Marmin, vieux garçon le dimanche des
rameaux 1826, âgé de 49 ans après avoir fait son testament en faveur de François (oncle Marmin)

- François (oncle Marmin) né le 3 mai 1778

- André, né le 21 mars 1780, mort à Paris sous Napoléon en 1805

- Marie, née le 17 septembre 1781. Le 8 avril 1807 elle accepta la main d’Antoine Berard de Saint-Pierre Laval. A son mariage, Marie reçut un avancement hors part de 600 £, non compris son trousseau. Cette union a donné naissance à 6 enfants, Claude François, François, Marie-Anne, Marie, Antoine.

- François, né le 12 janvier 1783 ; il épousa le 15 juin 1809 Catherine Charlier de Vers le Cou, commune de Saint Martin-d’Estreaux, où il alla en qualité de gendre. Du mariage sont nés 4 enfants ; le premier et le 4° deux Claude, les deux du milieu, deux Claudine. L’aînée de ces dernières, en février 1836 épousa Claude Murcier, dit St Roch, propriétaire au bourg de Saint-Bonnet. Ils ont deux fils, François né le 22 mars 1837 et Claude, né en mars 1843. L’autre Claudine a épousé Claude Grimaux, propriétaire au village du même nom, commune d’Arfeuilles.

- Marie, née le 21 mars 1785, morte enfant.

- Benoite, née le 6 novembre 1786, morte enfant.

- Jean, né le 28 juillet 1789, mort chez Marmin vieux garçon le 10 mai 1820, âgé de 31 ans. Son testament fut aussi en faveur de François (oncle Marmin).

- Jean-Marie, né le 13 mars 1792, mort à Montbrison sous Napoléon en 1815.

- Claude, né le 30 floréal de l’unie et indivisible république française,(pour me servir des termes du registre 20 mai 1795) An 4.

De ces 10 enfants, 4 seulement se sont mariés, savoir la tante Bérard, l’oncle de Vers le Cou, dont nous avons dit quelque chose, l’oncle de chez Marmin et Claude dont nous parlerons plus bas. Maintenant, nous allons dire quelque chose sur le partage de la communauté des Gauchers.

CHAPITRE 20° PARTAGE DE LA COMMUNAUTE DES GAUCHERS EN 1777

La communauté de Saint-Jacques des Biefs qui en 1777 n’était plus connue que sous le nom de village Gaucher avait comme nous l’avons dit, été constitué le 22 janvier 1695. Simon Jacquet en fut élu chef . Jacques, son fils lui succéda ; tous deux et surtout le dernier l’enrichirent. Déjà Pierre Jacquet en était chef depuis 11 ans lorsqu’elle fut dissoute après une durée de 82 ans. Jacques Jacquet à l’âge de 80 ans, eut la douleur de voir ce partage qui commença le 17 novembre et se termina le 29 du même mois 1777.

Il s’effectua entre Pierre Jacquet, chef faisant pour un quart, entre André Barret faisant pour un autre quart ; entre François, François et Jacques Jacquet, curé des Noés, frères entre-eux, co-héritiers d’Antoine, faisant pour un autre quart ; enfin entre Nicolas, Gabrielle et André Pinet, frères entre-eux, co-héritiers de Nicolas, leur père faisant pour l’autre quart.

André Pinet faisait alors ses études pour l’état écclésiastique ; peu après il fut admis aux Saints Ordres. Quelques années après il mourut au sein de sa famille et fut inhumé à Saint-Bonnet des Quarts. Le 25 juin 1844, ses cendres qui reposaient à côté de celles de M. Gauchet furent pareillement enlevées et portées au nouveau cimetière.

Les arbitres du partage furent Georges Maridet, propriétaire au village du même nom et Pierre Saint-Gérand aussi propriétaire au bois de la Molle. Tous les biens des Biefs furent partagées en quatre parts, de sorte que chaque co-partageant eut un domaine aux Gauchers.

Nicolas Pinet, ou plutôt ses représentants eurent de plus, le domaine Joly-Maridet ; les frères Jacquet eurent de plus le domaine Bassin et le bois Chussignat ou de la Langue pris au domaine Brassière, le droit de pacage restant à ce dernier domaine. André Barret eut de plus le domaine de la Brière, la moitié du domaine Quillet et le bois des Foux, aussi pris au domaine Brassière, le droit de pacage restant à ce dernier domaine. Pierre Jacquet eut de plus le domaine Brassière.

Restèrent communs entre les co-partageants :

1° la terre du Rai de Gaillefond, appelée Roche Gailland,
2° la terre de la Couture du bois du Breuil,
3° la cloche et son clocher,
4° le moulin Gaucher et ses dépendances,
5° le tennement de Garnat
6° le vigneronage de Changy et deux autres vignes aussi à Changy
7° le domaine Marmin
8° enfin la terre de la Verchère
Quant à ces dernières propriétés restées indivis, il parait qu’il n’y a pas eu de nouveau partage mais que les parties s’arrangèrent à l’amiable. Il y en a même qui actuellement n’ont pas été divisées, comme le clocher.

Pierre Jacquet mourut aux Gauchers le 21 mai 1815, âgé de 83 ans. C’était un bon israëlite en qui il n’y avait pas de ruse, simple et craignant Dieu. Lorsqu’il allait quelque part, sitôt arrivé il se rendait à l’église et priait toujours assez longtemps, après cela il faisait le tour de l’église en amateur et allait de là à ses affaires. Marie-Anne Serol, son épouse, après avoir reçu les secours de la religion mourut aux Brassières le 9 août 1825.

CHAPITRE 21° FAMILLE DE FRANCOIS JACQUET ET JEANNE MOTTET, MARIES LE 18 NIVOSE, AN 13 (30 AVRIL 1804) 

Le 18 nivose, an 13, (30 avril 1804) François Jacquet accepta la main de Jeanne Mottet, digne épouse, pieuse, se plaisant à soulager l’indigeance, ayant le coeur sur la main. Ce mariage a donné naissance à 6 enfants à savoir :

- Françoise, née à Arfeuilles, morte enfant à l’âge de 3 semaines.

- François, né le 10 octobre 1808, mort en 1834 le 6 décembre. Il était d’une excellente conduite, doux et affable envers tout le monde, d’une grande simplicité, aimant à remplir ses devoirs de religion, obligeant jusqu’à l’excès, toujours prêt à rendre service à qui il pouvait. Dans sa dernière maladie, il fut très résigné et reçut avec beaucoup de piété les derniers secours de la religion.

- François, né le 26 février 1810.

- Benoite, née le 25 novembre 1811 ; elle épousa le 15 février 1828 Jean-Marie Grimaux, propriétaire au village du même nom. Ils ont 5 enfants, Marie, François, François, Magdeleine, Marie-Anne.

- Claude, né le 23 août 1814, il épousa le 19 février 1837 Magdeleine Serol comme il est expliqué au chapitre 16°.

- Blaise, né le 30 septembre 1818, mort à 9 ans.

CHAPITRE 22° PARENTE DE CLAUDINE BLETTERY, EPOUSE DE CLAUDE JACQUET

Claudine Blettery est fille de Mathieu et d’Antoinette Mayeux. Antoinette Mayeux était du village Renaud, commune d’Ambierle. Elle avait un frère, Claude marié à la maison paternelle, époux de Claudine Bonnet. Ils ont laissé cinq enfants, Claude, Jacques, François, Mathieu, Marguerite. Claude est mort vieux garçon. Jacques, le cadet s’est marié à la maison. Il a épousé Antoinette Ailler ; ils ont un fils, Claude-Jean-Marie, né en 1835. François, maréchal de profession s’est établi à la Croix du Sud. Mathieu s’est marié à Saint-Haon-le-Vieux. Marguerite a épousé Jacques Moullier de la Croix du Sud.

Quant à la famille Blettery, elle est originaire de Saint-Rirand. Jean Blettery et Claudine Perrin, sa femme sont les ancêtres les plus anciens que l’on connaisse de la famille. Ils étaient propriétaires à Saint-Rirand. Ils eurent un fils, Mathieu qui le 6 février 1777 épousa Marie Maridet du village du même nom aux Biefs où il vint gendre. Mathieu Blettery et Marie Maridet eurent quatre fils, Mathieu, Mathieu, Laurent, Jean. Ces trois derniers restèrent dans le célibat, Mathieu Mourut le 24 octobre 1809, Laurent le 23 octobre 1817 et Jean le 29 juin 1825, âgé de 70 ans.

Mathieu l’aîné seul s’engagea dans les liens du mariage. Il épousa d’abord Catherine Barge le 23 juin 1782, puis le 9 février 1786 Antoinette Mayeux. Mathieu Blettery et Antoinette Mayeux eurent 4 enfants, savoir :

- Mathieu, né le 22 février 1787.
- Laurent né en1792 ou 1793
- Françoise, née le 1° février 1794
- Claudine née le 6 février 1798 (16 pluviose an 7)

Mathieu l’aîné et le troisième du même nom épousa le 17 février 1811 Marie Mosnier, fille de Jean et de Marie......., propriétaires aux Issards, commune d’Arfeuilles. Ils ont eu cinq enfants :

- Marie, née le 22 avril 1817
- Jean, né le 10 octobre 1820
- Laurent, né le 2 mars 1825
- Claudine, née le 6 avril 1830
- Françoise, la troisième ne vecut que quelques instants après la grâce du baptême.

Laurent poursuit avec succès ses études pour l’état écclésiastique. Marie a préféré le lis de la virginité à plusieurs partis avantageux. Il semble que toute la famille a hérité quelque chose de la vertu d’Antoinette Mayeux.

Laurent Blettery, fils de Mathieu et d’Antoinette Mayeux épousa Michelle Mosnier du village du Vergier, commune d’Arfeuilles. Ils eurent plusieurs enfants qui tous sont morts de sorte que maintenant la branche est éteinte. Michelle Mosnier, restée la dernière mourut le 20 mars 1844.

Françoise, soeur des précédents, le même jour 17 février 1811 que son frère Mathieu avait épousé Marie Mosnier, épousa elle-même Jean Mosnier, frère de Marie. Elle alla aux Issards tandis que Marie vint aux Biefs ; de sorte qu’il y eut échange entre ces deux familles. Françoise Blettery et Jean Mosnier ont eut 8 enfants, savoir :

- Marie, née le 27 avril 1817
- Barthélémy, né le 16 août 1819
- Mathieu, né le 30 décembre 1821
- Claude, né en février 1824
- Jean, né en février 1826
- Antoinette, née le 24 août 1828
- Jeanne, née en juin 1830
- Jean-Marie, né le 3 mai 1833

L’aînée épousa en juillet 1836 Michel Degoulange de chez Mottet, commune d’Arfeuilles. Il sera parlé plus bas de Claudine Blettery.

Mathieu son père mourut le 15 janvier 1815, âgé de 71 ans et Antoinette Mayeux le suivit le 7 septembre 1836, âgée de 74 ans.

Antoinette Mayeux était une femme d’une rare piété ; à un âge fort avancé, d’une santé faible, se trouvant à une heure de l’église, elle ne craignait pas d’affronter les rigueurs du froid pour aller à la messe. Elle ne se plaisait qu’à parler de piété ; lorsqu’il se trouvait deux fêtes consécutives, elle venait coucher aux Brassières pour être moins éloignée de l’église le lendemain et pouvoir satisfaire sa pièté, malgré le peu de force qui lui restait.

C’était un trésor d’édification. Je me souviendrai toujours que lorsque le soir se faisait, elle quittait la compagnie, se retirait dans une chambre et là, elle priait fort longtemps, au point que si Dieu ne lui eut parlé au coeur, elle se serait ennuyée. Elle savait que Dieu n’habite pas dans le trouble, aussi rien ne lui faisait plus de peine que de voir des personnes en mauvais accord. La religion avait en elle une fervente chrétienne, et le pauvre, une âme compatissante ; son plus grand désir était de soulager l’indigence. Même sa charité exédait ses moyens. Si sa vie fut exemplaire, sa mort fut celle du juste. Sa résignation pendant sa dernière maladie ne laissa rien à désirer ; elle reçut le Saint Viatique, l’extrême-onction et l’indulgence plénière avec une tranquilité parfaite et de grands sentiments de foi. Dieu, en nous la conservant si longtemps nous a fait une grande grâce. Heureux si le souvenir de ses vertus reste gravé dans nos coeurs et s’imprime dans nos actions.

Dans ses derniers moments, elle s’occupait encore du bien de la religion. Elle rendait témoignage qu’elle ne laissait passer aucun jour sans prier pour nous. Nous avons la ferme confiance que Dieu aura couronné ses vertus et que maintenant elle est encore plus puissante auprès de Dieu qui récompense avec tant de magnificence ceux qui espèrent en Lui.

CHAPITRE 23°, PARTAGE ENTRE LES CO-HERITIERS DE PIERRE JACQUET 1817

En 1817 eut lieu amiablement le partage de la succession de Pierre Jacquet entre ses co-héritiers, par acte passé le 29 octobre.

Des 12 enfants de Pierre Jacquet, sept vinrent au partage, savoir : Gilbert Marquet, agissant pour son épouse Jeanne Benoîte Jacquet, Gilbert Jacquet, François Jacquet (oncle Marmin), Antoine Bérard, agissant pour sa femme Marie Jacquet, François, Jean et Claude. Les arbitres furent Jean-Marie Cossonier, jurisconsulte demeurant à Montaigust et Jean-Marie-Rosalie Peurière, juge d’instruction au tribunal civil de Roanne qui reçurent par acte du 12 décembre 1816 pouvoir de décider sur les points de contention, difficultés et débats et de prononcer sur tout en dernier ressort. Ensuite de quoi ils choisirent pour s’aider, Claude Bailly et procédèrent à l’estimation de la succession de Pierre Jacquet.

Pierre Jacquet, en mariant ses enfants leur avait fait différentes donations qui naturellement pouvaient amener plusieurs difficultés dans le partage ; mais les co-héritiers, pour tout pacifier transigèrent ainsi qu’il suit.

Il fut constitué à Marie-Anne Sérol, pour remplir ses droits matrimoniaux :

1° le vigneronage de Changy en toute jouissance et propriété

2° la jouissance de 37 portions sur 353 prises au domaine Brassière. De son côté, Marie-Anne Sérol renonçait au quart du domaine Marmin qui lui avait été donné par contrat de mariage ; mais François Jacquet l’aîné qui avait reçu ce quart de domaine par donation cachée sous la forme de vente s’engageait à lui payer une pension annuelle de 125 £. Cela posé :

Au domaine des Biefs, il fut attribué à François Jacquet le jeune qui s’était marié sans préciput et qui par conséquent avait la septième portion des biens libres, il lui fut attribué dis-je 79 portions sur 219 qui faisaient la totalité du domaine des Biefs ; Gilbert et Jean eurent chacun au même domaine 70 portions, ce qui faisait la totalité du domaine pour les trois. François (oncle Marmin) a ensuite hérité de ces deux dernières portions.

François Jacquet l’aîné eut au domaine Brassière 46 portions sur 353 et pour complément de ce qui lui revenait dans la succession de Pierre Jacquet, il restait libre de la somme de 1750 £ reste du prix de l’achat du quart du domaine Marmin.

Gilbert Marquet et Antoine Bérard eurent pour part héréditaire chacun 70 portions sur 353.

Claude Jacquet qui était le petit benjamin, et à qui Pierre son père avait donné par contrat de mariage le quart de tous ses biens à prendre au domaine Brassière, eut pour ce quart, déduction faite des donations antérieures à la sienne, eut dis-je 60 portions sur 353, et pour sa part héréditaire 70 portions, ce qui faisait la totalité du domaine.

Quant au mobilier, Marie-Anne Sérol garda ce qu’elle avait apporté à l’époque de son mariage. Le reste fut partagé à égale portion entre les sept co-héritiers.

En conséquence de ce partage ainsi fait à l’amiable, les parties se désistèrent mutuellement de toutes sortes de droits qu’elles auraient pu avoir les unes contre les autres à raisons de différents actes de propriétés exercés sur la succession avant le partage.

Les propriétaires du domaine Brassière en demandèrent la subdivision qui fut exécutée. Claude Jacquet acheta ensuite la portion de François Jacquet, celle de Gilbert Marquet, à la réserve de ce qu’elle avait au bois Vozet et la plus grande partie de Marie Jacquet, épouse d’Antoine Bérard.

Claude Jacquet depuis la mort de Pierre, son père était cultivateur au domaine des Biefs, à titre de colon ; le 10 novembre 1818, il quitta pour descendre au domaine Brassière et s’y fixer avec sa famille. Le domaine Brassière alors était fort mal bâti ; une mauvaise haie servait de clôture au jardin ; la maison qu’avaient habités les grangers avait à peine un mètre 60 centimètres sous poutre ; deux mauvaises granges couvertes en chaumes tombaient en ruine. En 1820 Claude Jacquet fit construire une nouvelle habitation ; les deux granges ont aussi été rebâties, en 1827 celle du foin et en 1836 celle du bled.

CHAPITRE 24° FAMILLE DE CLAUDE JACQUET ET DE CLAUDINE BLETTERY MARIES LE 7 NOVEMBRE 1815

Le 8 mai 1815, Claude Jacquet, fils de Pierre passa contrat de mariage et le 7 novembre suivant épousa Claudine Blettery, fille de Mathieu et d’Antoinette Mayeux, dont il a été parlé au chapitre 22°. Ce mariage a donné naissance à 8 enfants, savoir :

- Jean-Marie, né le 20 août 1817
- Jean, né le 11 novembre 1818
- Mathieu, né le 26 janvier 1820
- Marie-Anne, née le 20 janvier 1822
- Françoise, née le 21 février 1825
- Benoîte, née le 26 novembre 1826
- François, né le 20 avril 1828
- François, ne le 30 janvier 1830

Jean-Marie après avoir plusieurs fois quitté et repris ses études partit enfin au petit séminaire archipescopal de Saint-Jodard à la rentrée d’octobre 1836 ; en 1839 il alla à Alix suivre les cours de philosophie et de mathématiques. En 1841 il entra au séminaire Saint-Irénée de Lyon pour y faire ses études théologiques. Le 20 mai 1842, il reçut l’habit clérical de la main de Monseigneur De Vie, évêque de Beley, Monseigneur de Bonald, archevêque de Lyon étant alors à Rome pour reçevoir le chapeau de cardinal. La même année à Noël il reçut les ordres moindres ; le 18 juin suivant, il prit des engagements irrévocables en reçevant l’ordre de sous-diacre, et le 1° juin 1844, il fut admis à l’ordre de diacre.

Le 7 mars 1841, Mathieu, au retour des vêpres fut frappé d’apopléxie et expira en quelques minutes. Il était robuste, n’avait jamais été malade ; la mort vint à lui comme un larron, nous avertissant ainsi d’être toujours prêts.

Jean a jusqu’ici été le plus heureux de la famille. Le 19 mars 1819 il quitta la terre pour aller jouir du bonheur que Dieu a préparé à ses élus. “Laissez venir à moi les petits enfants, disait Notre Seigneur, car le royaume des Cieux est à eux”. Plaisant à Dieu il en était chéri ; il a été enlevé du milieu des pécheurs afin que la malice du monde ne corrompit point son intelligence ; afin que son âme ne fut point séduite par la folle séduction des biens du Siècle. Revêtu de la robe d’innocence, il a atteint le bonheur que nous cherchons avec anxiété. Son âme était agréable à Dieu ; c’est pourquoi il s’est hâté de la tirer d’un monde d’iniquité. Les peuples témoins d’une merveille si fréquente ne la comprennent pas et se demandent pourquoi Dieu abrège ainsi les jours de ses Saints. Heureuse la mère qui a donné naissance à un ange ; heureuse la famille qui a des protecteurs assurés dans les Cieux.

(Le manuscrit original qui a servi à transcrire ce texte a été obligeamment prêté par Monsieur et Madame Bouiller. Qu'ils en soient ici remerciés