Histoire
de Paul
Blettery et de Benoîte Plassard
Paul
Blettery est né le 22 mars 1806 à Saint-Rirand,
au village du Fouet. Il dut voir cette croix, qui avait
été érigée dans ce hameau
en 1822, comme l'indique la date portée sur le socle en
pierre. (Le Fouet dimanche de Päques 2002)
Tout
jeune encore, il apprit le métier que pratiquait son
père et qui avait été
pratiqué depuis toujours par ses ancêtres :
sabotier.
A cette époque encore, beaucoup d’habitants des
Monts de la Madeleine, gagnaient leur vie en travaillant le bois
(scieurs de long, charbonniers, sabotiers), un peu
d’agriculture et d’élevage apportant un
complément de ressources.
Mais, l’organisation sociale basée sur la
communauté de biens (communautés familiales
agricoles) qui avait permis aux générations
précédentes de survivre dans cette
région rude, fut supprimée à la
Révolution. Ces communautés agricoles qui avaient
déjà commencé à
décliner à la fin du 18°
siècle disparurent presque toutes. Sur la base des nouvelles
lois (nul n’est obligé rester dans
l’indivis disaient les textes de la Révolution),
beaucoup de jeunes demandèrent la liquidation des biens
communaux de familles.
Pour échapper à la misère, de
nombreuses familles émigrèrent à la
recherche de travail dans les villes et villages qui
commençaient à s’industrialiser.
Jean, le frère aîné dut partir
très tôt à
l’extérieur pour exercer le métier de
sabotier. Ainsi, dans l’inventaire fait en 1826
après le décès de Jean-Baptiste son
père, il expliquait au notaire chargé de
rédiger le document que les outils nécessaires
à un sabotier se trouvaient en dépot chez un
particulier à Mardore, ayant l’habitude
d’aller travailler dans le Rhône.
C’est ainsi que Paul Blettery et trois de ces
frères et soeur, vraisemblablement sur les conseils du
frère aîné qui travaillait à
cette époque à Ronno dans le Rhône,
allèrent se fixer à Saint-Vincent de Reins, gros
bourg manufacturier en pleine expansion.
C’est là, à Saint-Vincent de Reins,
qu’il se maria le 15 février 1830 avec
Benoîte Plassard.
Benoite
Plassard
Benoîte
Plassard était née en 1805 (le 7
floréal, an XIII) à Azolette, petit village
situé dans les Monts du Beaujolais.
La tradition familiale rapporte qu’elle aurait vu
Napoléon lors de son retour de l’Ile
d’Elbe en 1815.
L’Empereur, pour se rendre de Lyon à Paris passa
dans la journée du 13 mars 1815 à Villefranche,
située à une quarantaine de kilomètres
d’Azolette. Ses partisans furent très actifs et il
y eut un grand rassemblement de gens. Plus de 60.000 paysans vinrent
acclamer l’Homme de la Révolution. Henry
Houssaye,
dans “1815” décrit cet
évènement ainsi :
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“A Villefranche, des arbres de liberté
s’élèvent sur les places, les maisons
sont pavoisées “aux couleurs de la nation et
décorées d’aigles en papier
doré. Dans cette petite ville qui ne “comptait pas
plus de quatre mille habitants, il y avait soixante mille paysans
accourus “des environs pour voir l’empereur. A dix
lieues à la ronde, tous les villages étaient
“désertés.
L’écrivain royaliste Fabry conte que deux paysans
achetèrent à l’aubergiste,
“pour les garder comme reliques, les os du poulet
mangé par l’empereur à son
déjeuner. “De Villefranche, Napoléon
alla coucher à Macon.
Benoite Plassard vécut assez longtemps pour
connaître son petit-fils à qui elle ne manqua
certainement pas de lui raconter cet épisode de sa vie.
Le passage de l'Empereur dut frapper l’imagination des gens
de la région et ainsi, au col des Echarmeaux pas
très loin d’Azolette, on peut voir une statue de
Napoléon sculptée par un humble artisan du lieu.
Sur le socle sont gravé les vers suivants :
- Oh ! toi puissant héros que l’univers admire,
- Oh ! toi qui nous donnas la gloire avec l’Empire
- Supporte que ma main en ses loisirs retrace
- Et tes nombreux exploits et ton auguste face
Par J. Molette fils, sabottier - à 719 m 750 -
Cette statue qui était encore il n’y a pas
très longtemps en retrait de la route principale,
encadrée par de beaux arbres et une grande haie a
été mise, certainement par un ennemi à
retardement de l’Empereur des Français, au milieu
d’un rond-point qui est sensé améliorer
la circulation des véhicules automobiles. Ainsi
placé, notre grand homme ressemble à
l’un de ces braves agents de la circulation qui
trônaient il y a quelques temps déjà au
centre des places des grandes villes françaises.
Le couple se fixa donc au bourg même de Saint-Vincent (maison
n° 20 du cadastre). L’atelier de Paul Blettery
était proche de la mairie et s’y trouvant
à demeure, (contrairement à la plupart des
habitants qui eux allaient travailler à l’usine
située plus bas au bord du Reins), il servit plusieurs fois
de témoin lors de naissances ou de
décès. Rien qu’en 1836 il fut
témoin à :
-
- la naissance de Pierre Billet le 15 octobre 1836
-
- la naissance de Jean-Marie Montiller le 15 octobre 1836
-
- la naissance de Jean-Pierre Plassard le 9 novemvre 1836
-
- au décès de Félix Philippe du 11
octobre 1836
-
- au décès de Benoit Plasse du 11 juin 1836
Ils connurent l’ancienne église qui ne
possédait qu’une seule nef et bien sûr,
virent contruire de 1842 à 1844 celle que nous pouvons voir
maintenant. Il reste de l’ancien édifice le
portail d’entrée qui est devenu celui de la cure
ainsi que l’autel actuel de Saint- Joseph.
Les habitants de cette région, surnommée la
“petite Vendée”, étaient
très pratiquants. Les principales fêtes
catholiques (Noël, Paques) étaient bien
sûr célébrées avec
éclat, mais d’autres fêtes, tel la
Fête-Dieu ou le 15 août donnaient lieu à
d’importantes manifestations.
Ainsi, le jour de l’Assomption, les habitants de
Saint-Vincent mettaient aux fenêtres, draps et tapisseries.
C’est à la veille du jour de
l’Assomption, le 14 août 1871, que
décéda Paul Blettery.
Benoite Plassard vint alors s’installer au château
de la Lièvre lorsque son fils revint à
Saint-Vincent vers 1875.
Mais cela ne l’empêchait pas d’aller se
promener parfois au bourg pour aller voir ses “vieilles
patrocles”, à qui elle ne devait pas
être fachée de montrer sa nouvelle position.
Cette expression qui désignait ses amis, amusait fort
Grand-Père et il se demandait s’il n’y
avait pas là une résurgence du nom Patrocle, ami
fidèle d’Achille.
Une photographie, prise vers 1886/1887, nous la montre dans le parc du
château de la Lièvre entourée de sa
famille, coiffée d’un bonnet et portant un regard
malicieux vers l’objectif qui fixe son image pour la
postérité.
Elle
s’éteindra à l’âge
de 92 ans le 3 janvier 1898 à Saint-Vincent.