1762 - Quincié (Rhône)


La présente année il y eut une telle sécheresse que l’on ne se souvenait pas en avoir vû une pareille - il ne pleut pas despuis les premiers jours de mars qu’il y eut une forte nege jusqu’au 13° aoust qu’il y eut une pluye abondante - les recoltes du foin furent très modiques - après les foins coupés les prés séchèrent et blanchirent de façon qu’on ne les distingoit des terres couvertes de chaume - le bétail souffrit beaucoup non seulement il ne trouvoit rien dehors pour manger mais dans plusieurs lieux on fut obligé de les aller abreuver à une lieue de distance - touttes les menues graines manquèrent totalement les jardins se trouvèrent sans herbage - cependant on fut étonné que les froments et les seigle qui n’avaient été arrosé de la moindre pluye et qui par cette raison se trouvèrent trés clairs fournissent cependant  une récolte assez abondante pour suppléer au défaut des menues graines et pour en faire baisser le prix au-dessus du prix ordinaire - les vignes craignirent beaucoup plus que les bleds les raisins sécherent sur les plants et il ne resta que peu de raisin dont les uns été murs et les autres verts tous foibles - il en fut de même de tous les fruits pendant cette secheresse on fut à la veille d’éprouver une famine au milieu de l’abondance des graines les moulins cessèrent faute d’eau et l’on eut recours à tous les moyens imaginables pour se procurer de la farine - les moulins à poivre furent une ressource et ceux qui s’en trouvèrent fournis s’en servirent utilement