Commune d’Ailles.

Articles parus dans le Journal de l’Aisne :

- 1°, le lundi 1° et mardi 2 avril 1901 n° 77
- 2°, le mercredi 25 décembre 1901 sous le n° 298
- 3°, les jeudi 26 et vendredi 27 décembre 1901 sous le n° 299.



On écrit au "Courrier"

Il existe au centre du village, sur la place publique, près de l'église, un orme magnifique d'une hauteur prodigieuse qui domine entièrement le village et qui fait la gloire du pays. Cet orme mesure à sa base 7,50 m de pourtour à cause de ses racines qui sont en relief de 5 cm au-dessus du sol, son pourtour à hauteur d'homme est de 3,31 m, la hauteur du tronc jusque sous les premières branches est de 10 m. Son envergure est d'environ 9 à 10 m. ; il surpasse en hauteur le clocher de 8 m environ. Cet orme est très vigoureux, la pile est droite, bien arrondie, la ramure très élevée, le tout d'une proportion très régulière ; on ne découvre aucune lésion sur l'écorce et il n'a encore subi aucune dépression d'intempérie jusqu'à ce jour.

Selon les renseignements des plus anciens de la commune, il ne tarderait pas à être centenaire et aurait 87 ans. Il a été planté par M. Berriot, dont le petit-fils habite le pays, en souvenir, suppose-t'on, de la bataille de Craonne du 7 mars 1814. Le plus fort du combat n'était en effet qu'à 800 m. du pays qui a tant souffert de cette triste journée.

Depuis 1830 où fut décrétée la Fête nationale, la population entière du village se réunit chaque année sous son ombrage, tant à la fête patronale qu'à celle du 14 juillet.

Notre vieil orme, en rappelant nos revers et nos gloires, est donc aussi un lieu pittoresque de réjouissances publiques. Le village de Ailles se trouve à 49° 28’ de latitude nord et à 1° 22’ de longitude est, il appartient au canton de Craonne. Il est situé à 20 km sud de Laon et à 8 km N.O. de Craonne.

Le village proprement dit se trouve bâti au pied de la montagne de Craonne.

Il est borné au nord par le terroir de Neuville et de Chermizy ; à l’est par celui de Vauclerc ; au sud-ouest par celui de Paissy ; au sud-est par celui de Cerny.

Le terroir d’Ailles n’est pas très étendu ; il comprend au total 469 hectares.

Par sa conformation et son relief, le territoire peut se diviser en deux parties distinctes : la plaine et la colline-plateau. Sur le plateau comme sur la plus grande partie de la vallée, le sol est argileux, sablonneux sur le versant de la colline, inclinée vers le nord.

Une partie du sol est marécageux et aplani dans la partie septentrionale. Il est boisé dans la partie méridionale. On remarque dans cette dernière le plateau de Craonne dont le versant presque à pic s’élève à une centaine de mètres du village. Quant au sous-sol il est généralement argileux et imperméable ce qui rend le drainage presque utile partout.

La partie montueuse renferme des bancs de pierres souvent très épais, exploités pour la construction et l’entretien des routes. On trouve aussi quelques dépots de lignite mais trop peu importants pour qu’on puisse en tirer partie. On peut diviser l’étendue superficielle de la manière suivante : 

469 hectares
1° terres labourables, 266 hectares
2° prairies, 58 hectares
3° bois 84 hectares
4° landes et marécages 41 hectares
5° chemins et maisons 20 hectares

Hydrographie.
L’Ailette affluent de l’Oise rive gauche prend sa source à peu de distance de la commune. Beaucoup de géographes pensent qu’elle prend sa source dans les bois de Corbeny qui s’appelaient anciennement Aquila (de Aquila on a fait Ailette) ; d’autres disent qu’elle commence à Ailles d’où lui viendrait son nom. Cette dernière assertion est fausse. Quant à la première, sans la contester positivement, puisqu’en somme elle a peu d’importance, je me permettrai cette remarque : en remontant l’Ailette dans les bois de Corbeny on arrive à un certain endroit où il est presque impossible de se dégager à cause des marais, des roseaux, des ronces et des branchages. Là se rejoignent 7 ou 8 ruisseaux. L’un de ces ruisseaux débite un volume d’eau double de celui des autres ; c’est, il me semble, celui qui donne naissance à la rivière qui nous occupe. Cherchons son point de départ : nous le trouverons au nord-est de Sainte Croix à 100 mètres environ au-dessus de ce village. J’en conclus donc que l’Ailette prend sa source à Sainte Croix.

Elle coule de l’est à l’ouest et ne tarde pas à recevoir une foule de petits cours d’eau, ainsi par exemple :

Rive droite, les rûs de la Bouc (Bouconville), de Chermizy, de la Foursière (Neuville), de la Bièvre venant d’Arrancy passe à Ployart et Vaurseine, Bièvres et Chamouille ; le rû de Crandelain, de Chevregny, l’Ardon prend sa source au pied de la haute colline de Laon, Chivy les Etouvelles, Etouves, son confluent avec l’ailette, terroir de Chavignon, est à 50 m. d’altitude ; les rûs de Barthel descendant de Suzy ; de Brancourt venant de Prémontré ; de Basse, non loin de Quincy ; de Landricourt ; de Renault venant de Fresne et passant à Coucy-la-Ville, Coucy-le-Château ; du Rond d’Orléans et de Grève, passant le premier à gauche de Pierremande et le second à droite.


Rive gauche, Ceux de Vauclerc, Brunin, Cerny-en-Laonnois, Filain, Chavignon, Vaudesson ; de Pinon prenant sa source à Allemant ; de Vauxaillon ; de Leuilly venant de la fontaine Saint-Rémi ; de Guy prenant sa source au champ Roulan ; de Bartel venant de Selens, Saint-Aubin, Saint-Paul-au-Bois ; de Camelin passant à Bourguignons-sous-Coucy.

Sur la rive gauche de l’Ailette et faisant partie du terroir d’Ailles s’étendent 12 hectares de pâturages marécageux qui ne produisent qu’une herbe peu épaisse et de mauvaise qualité. Aucun travail de dessèchement n’a été entrepris. Sa largeur sur le terroir d’Ailles est en moyenne de 3 m. environ.

Bois.
A côté de ces marais, nous voyons une grande partie qui, en 1828, comprenait 76 hectares de bois, composés de chênes, bouleaux, frênes, hêtres, ormes.
Le chêne donne les plus beaux produits. Le peuplier croît rapidement dans les marais, surtout au bord de l’Ailette.

Lieux-dits.
Parmi les lieux-dits les plus remarquables, nous citerons Saint-Amille ou cense de Saint-Emile, ferme 1536 (acquits, arch. de la ville de Laon). Cense de Saint Emile 1709. Intend. de Soissons C. 205) Cette ferme appartenait au chap. cath. de Laon. Elle était déjà détruite en 1733. On prétend que Saint-Remy, évêque de Reims, y est né.

Saint-Martin bois, Silva Sancti Martini, 1153 - Sive ut Alii, dicuntur Martini curtis, 1167. Cart de l’abbé de Vauclerc, p. 18 et 27.
Il se trouve aussi sur la route d’Ailles à Neuville, une Tuilerie située à environ 500 M.
Le village se trouve situé à peu près au centre du territoire. Il se compose d’une rue principale qui le traverse dans toute sa longueur à l’est et à l’ouest ; de deux rues adjacentes se détachant de la première. L’une se dirigeant vers le nord, montueuse mais assez large et bordée de fermes d’aspect assez agréables ; l’autre se dirigeant en sens inverse est étroite, tortueuse, entrecoupée de recoins et de ruelles impraticables pendant quelques mois de l’année ; c’est cependant aux abords de cette rue que se trouvent les trois plus belles fermes de l’endroit.
Les maisons mal alignées ne sont guère plaisantes. Presque toutes sont construites sur voûtes et de beaucoup exhaussées. Quant à celle qui reposent directement sur le sol, l’humidité et l’imperméabilité du terrain les rendent très souvent malsaines.

Tous les bâtiments sont couverts en tuile, à peine y compte-t-on 2 ou 3 habitations pour lesquelles on a employé l’ardoise, ce qui s’explique par les frais de transport que nécessite cette dernière et la facilité avec laquelle les habitants peuvent se procurer les tuiles fabriquées dans la commune même.
Comme voies de communications, Ailles est desservi par le chemin vicinal n° 1 qui conduit à la route départementale n° 47, dite Route des Dames (de Pinon à Craonne)
Le chemin n° 2 conduit à Neuville et le chemin n° 3 conduit à Chermizy.
Ailles fait partie du bureau des postes et télégraphes de Craonne. Le service se fait entre 10 et 12 heures du matin. La perception se fait le 7 de chaque mois par le receveur de Craonne. Le principal des contributions directes atteint 1800 F, le total des centimes additionnels est d’environ 80 F.. La gendarmerie est à Corbeny à 18 km.

Au point de vue ecclésiastique, il fait partie de la paroisse de Bouconville. Mais depuis 1892 l’administration en est confiée à M. l’abbé Adhémar Amboise, curé de Chermizy chargé en desservice de Bouconville. Le dimanche, la messe s’y célèbre tous les 15 jours, à 8 heures en été et 8 1/2 en hiver. Une remarque : c’est que le service d’Ailles a été fait de 1780 à 1782 par un abbé Amboise, curé de Paissy, de là la dénomination d’un chemin du terroir allant vers Paissy est appelé “chemin du Curé”.

Si nous considérons les différents noms successifs de la commune, nous remarquerons qu’en 1224 le village portait le nom d’Aquila et en 1334 il s’appelait déjà Ailles.

Voici d’après MM. Matton et Melleville les origines de ce nom :

Matton : Aquila (villa que dicitur) 1224, arch. nationales L.996 - Aille 1314 Arch. nat. trait. de ch. reg. 66.75 - Aylle 1411 Arch. nat. J. 801 .1134 - Aisle (paroisse de Saint Martin d’) 1669 état-civil d’Ailles, tribunal de Laon.
La seigneurie d’Ailles appartenait autrefois au chap. de la cath. de Laon, l’église est annexe de Bouconville en vertu d’un décret du 9.11.1811. Le village semble avoir pris son nom d’un bois où la rivière d’Ailette prend sa source.

Melleville. : Ailles, Aquila villa, village de l’ancien Laonnois bâti à proximité des sources de l’Ailette, d’où paraît lui venir son nom, et à 20 km. au S.E. de Laon, autrefois de la généralité de Soissons, du baillage, élection et diocèse de Laon. Patron : Saint-Martin.

Population.
En 1270, Ailles comptait 95 feux.
en 1760 60 feux
1800 243 habitants
1818 214 “
1836 261 “
1861 221 “
1882 182 “
1886 178 “
1890 172 “
1896 165 “

La constitution physique des habitants ne présente rien de particulier. Les maladies sont rares et beaucoup de vieillards arrivent à un âge très avancé sans avoir éprouvé aucune indisposition sérieuse.

La boisson ordinaire est le vin et le cidre et peu de bière. Une partie des habitants jouissent d’un bien-être qu’ils doivent exclusivement à leur travail.

Historique.
Menneville. Le domaine d’Ailles appartenait au 9° siècle à Didon, évêque de Laon, lequel en mourant le donna en l’année 893 au châpitre de la cathédrale de cette ville, qui l’a conservé jusqu’à la Révolution.

Ailles est placé au pied de la montagne, où se livra le mars 1814 la bataille de Craonne entre les français et les troupes alliées. Les français enlevèrent ce village de vive force et gravissant la montagne sous un feu terrible, parvinrent à couronner le plateau et à en chasser l’ennemi.

Ailles ne paraît pas avoir eu de seigneuries laïques étant toujours resté dans les mains du chapitre de Laon. Cependant, nous connaissons un Etienne d’Ailles en 1156.

Brayer. 

Voyons ce qu’en dit Brayer : Ce village est situé au pied de la montagne sur laquelle se livra le 7 mars 1814 la bataille de Craonne. Il fut enlevé de vive force par les français qui, gravissant avec leur intrépidité accoutumée une côte presque à pic, parvinrent à couronner le plateau de la montagne sous le feu le plus terrible de l’ennemi maître des hauteurs.

Etat-civil.

Le 11 mai 1713, il y eut un incendie qui a détruit le quart du village. La perte a été estimée 1.400 livres environ ; mais aidé des bienfaits de la duchesse de Narbonne ainsi que de l’abbaye de Cuissi et Vauclerc et du chapitre de Laon, tout a été rétabli.
Un acte constate que Y.G. Bricard est religieux de Vauclerc.

Archives et Greffe de Laon. 

Le chapitre de la cathédrale de Laon avait commis à la Duché-pairie un official pour sa justice spirituelle et un bailli pour sa justice temporelle. Sa juridiction s’étendait sur Ailles, Brayes en Laonnois, Martigny, Moulins, Paissy. Une sentence en date de 1771 défend le défrichement des Voyeux, caniveaux et usages de pâturage communal d’Ailles, à peine de dix livres d’amende.
Ils paraît que la commune d’Ailles a donné naissance à St Rémy, évêque de Reims au V° siècle. Une légende curieuse se rapporte à la naissance de ce pieux évêque. Laissons parler la tradition en lui conservant sa naïve originalité :

“Saint-Emile père de Saint Rémy habitait avec son épouse Ste Célénie une petite ferme située entre Ailles et Cerny-en-Laonnois, au lieu désigné aujourd’hui encore sous le nom de Saint-Amille.

Un ermite des environs de Laon vint le visiter et promit à Ste Célinie qu’elle mettrait au monde un fils et que ce fils deviendrait l’un des plus grands princes de l’église chrétienne. L’épouse de Saint Emile déjà fort avancée en âge se mit à rire comme autrefois Sara, mais le pieux ermite lui reprocha son incrédulité et lui dit que non seulement elle deviendrait mère mais que lui-même perdrait la vue et ne la recouvrirait qu’en frottant ses yeux avec le lait dont elle nourrirait son enfant. L’évènement justifia ces paroles prophétiques de l’ermite”
La cense de St Emile était déjà détruite en 1533 mais la tradition populaire a conservé à la partie du territoire sur laquelle elle était située le nom du père de St Rémy.

Champ de bataille. 

A une centaine de mètres du village s’élève le plateau de Craonne célèbre pour la victoire que Napoléon 1° y remporta sur les Alliés le 7 mars 1814. Ailles d’abord occupé par les Russes fut enlevé de vive force par les Français qui gravissant ensuite la montagne sous un feu terrible parvinrent à couronner le plateau et à en chasser l’ennemi.

Un grand nombre de Russes furent enterrés sur le versant du plateau dans des carrières abandonnées et recouverts de débris de matériaux et d’une faible épaisseur de sable graveleux. Les pluies ont mis à nu quelques uns de ces cadavres dont les ossements sont maintenant éparpillés sur le penchant du plateau.

D’après un auteur dont le nom m’échappe la peste étant survenue dans le village, on a dû murer les cadavres. Lu et à moi raconté par M. Cordier, lieutenant au 45° d’infanterie.

Quelques boulets, 2 ou 3 médaillons russes, un grand nombre de biscaïens et de balles déterrées par la charrue du cultivateur sont les seules découvertes relatives à la bataille de Craonne que l’on ait faites sur le terroir d’Ailles. On en trouve encore aujourd’hui. En avril 1898, le capitaine Quénaidit du 45° régiment d’infanterie à Laon, se rendant à l’emplacement où reposent les cadavres de 1814, avec l’abbé A. Amboise, curé desservant d’Ailles, a trouvé en remuant un squelette, un biscaïen qui se trouve aujourd’hui dans sa collection avec un boulet provenant du même endroit et à lui remis par M. le curé de Chermizy-Ailles. D’autres biscaïens sont répartis en différents endroits. C’est ainsi que M. le général Pau, commandant la 7° brigade à Soissons, lors de la manoeuvre de cadres dirigée par le général Brugère, alors commandant du 2° corps d’armée en 1898, mars 22, s’en est fait remettre par un habitant d’Ailles. De même par l’intermédiaire de l’abbé Amboise, sont possesseurs de biscaïens : le lieutenant-colonel Hilpert du 45° et plusieurs autres officiers, le colonel Brunet, aujourd’hui général, la salle d’honneur du 45° d’infanterie, etc...

Cimetière.

Il y a quelques années, le hasard a fait découvrir sur le terroir d’Ailles l’emplacement d’un ancien cimetière qui, d’après M. Matton, archiviste honoraire à Laon, remonte à l’époque mérovingienne. Aucune particularité n’a d’ailleurs été signalée.

Eglise.

L’église est placée sous le vocable de Saint Martin, patron 11 novembre. A partir de 1895 la fête patronale a été remise au dimanche qui suit le 13 juin, jour du pélerinage de St Antoine afin de ne faire qu’une seule fête.
Ce jour de pélerinage amène beaucoup d’étrangers à Ailles. On attribue à l’eau bénite de ce jour là la vertu de guérir certaines maladies, particulièrement celle connue dans le langage des campagnes sous le nom de feu de “St-Antoine”.
A l’intérieur, l’église mesure 25,80 m. de longueur sur 9 m. de largeur près du portail y compris celle du bas-côté. Hauteur de la nef et du choeur formant voûte 6 m., celle du bas-côté 3,65 m.

Elle a dû être construite à 2 reprises différentes. La nef, le choeur et le bas-côté paraissent plus anciens.

On raconte que près du pilier voisin de la chaire, du côté non pavé, se trouve le tombeau d’un soldat mort le jour de la bataille. Blessé, ce jeune homme se serait trainé jusque dans les jardins et il était là, épuisé, lorsque un nommé Buisson, de Chermizy, rôdant comme beaucoup d’autres pour dépouiller les soldats morts, aperçoit ce jeune gisant. La qualité de ses bottes attirèrent son attention et il essaya de les lui prendre. Le soldat ouvre les yeux et reconnaissant le délinquant, lui dit : “Buisson, que fais-tu là ?” Après une courte conversation, le blessé est transporté à la demeure de ses parents où il expire quelque temps après. C’est alors que la terre étant gelée si profondement qu’on ne put ouvrir une tombe dans le cimetière, on l’enterra à cet endroit de l’église.

Christ.

Comme mobilier remarquable, on distingue un Christ provenant de l’ancienne abbaye de Vauclerc.
Matière : il est d’ivoire blanc, très bien conservé.
Dimensions : hauteur des pieds à la tête du Sauveur : 0,48 m. hauteur des pieds à l’extrémité des mains : 0,57 m.
Physionomie : Le Sauveur est représenté plutôt expirant que mort. Sa tête est légèrement inclinée à droite et toute la physionomie du Christ est l’expression la plus parfaite de la plus vive douleur. Les bras, qui forment des parties détachées, s’étendent horizontalement. Les pieds non croisés, sont percés de 2 clous.

Auteur : au dos du Christ, sur le linge dont il est ceint, on lit : 1664 - B. Jaillot,
“Faciebat”.
Valeur artistique : Faute de connaissance suffisante, je n’ose me prononcer sur l’anatomie du Christ qui, toutefois me paraît irréprochable. Mais, bon nombre de connaisseurs l’ont fort estimé lorsqu’en 1873 on le déposa au Musée de Laon pour le faire reconnaître.
Valeur vénale : M. Chovel, marchand d’ornements d’église à Paris et ami de M. le Maire d’Ailles (à l’époque) en a offert le prix de 2400 F. Un archéologue de Laon, M. Midou, je crois, en porta la valeur jusqu’à 10.000 F. D’autres l’ont estimé davantage encore.
Défaut : L’extrémité des pieds, par suite d’une fracture, a disparu. Le pied gauche néanmoins conserve encore les deux petits doigts.
Croix. La croix sur laquelle le Christ était attaché est de chêne plaqué d’ébène.
Origine : On le dit avoir été le Christ du maître-autel dans l’église de l’abbaye de Vauclerc. Il aurait été donné à l’église d’Ailles vers 1800 par une dame Lamant, femme très chrétienne qui habitait en 1793 un lieu dit “la Creute”, endroit distant de Vauclerc et d’Ailles d’environ 2 km.

Cette tradition n’a aucune pièce authentique. On ne sait depuis quand l’église d’Ailles possède ce riche et vénérable objet. Les personnes les plus âgées de la paroisse disent l’avoir toujours vu. Rapport fait à Monseigneur l’Evèque en 1878 par M. l’abbé Fontaine, curé.

Dans le cimetière on remarque une croix simple élevée à la mémoire de “Dom Bellot” ancien moine de Vauclerc devenu curé d’Ailles après 1793, il avait déjà desservi cette commune de 178.. à 1793 (voir registre des actes de baptême).

D’après les prévôtés du chapitre de la cathédrale de Laon au 13° siècle par M. l’abbé Bouxin, on lit page 33 à Paissy les 4 prébendes : Ailles, etc... En dernier Ailles, etc... Elles paieront au chapitre 60 livres.
Plus loin, page 61 on lit sur ces derniers “nous retenons 65 livres qui seront perçues de la manière suivante : sur le four et la menue dîme des 3 villages (Paissy, Moulins et Ailles) 42 livres des premiers deniers, item sur les droits de gîte 8 livres des premiers deniers ; sur les cens des 3 villages 100 sols des premiers deniers ; sur les tailles des 3 villages 10 livres des premiers deniers.

Liste des desservants.

1700 Boulier
1703 D’Alexis de Chermizy
1723 Marchand (de Moulins)
1733 Lambert
1737 Toussaint (de Paissy)
1738 J. Darras (de Chermizy)
1743 J.B. Les tourneaux (de Chermizy)
1753 Bourgeois
1755 Melinet (de Courtecon)
1777 Frion (vicaire de Paissy)
1778 Bonvallet, qui va de là à Craonnelle
1779 Hotte (de Paissy)
1780 Amboise (de Paissy)
1783 Antoine Belot, moine de Vauclerc
demeurant à Ailles de 1791 à 1807.
1808-1811 Hanoteaux
1811-1812 Sarazin (de Chermizy)
1812-1815 Fossier Pierre (de Bouconville)
1815-1816 Hanoteaux
1816-1827 Dollé
1827-1833 Martin (de Chermizy)
1833-1834 Picart (de Chermizy)
1834-1850 Menu, Calixte (de Bouconville)
1850-1856 Caron (de Bouconville)
1856-1859 Blain Joseph (de Bouconville)
1859-1871 Lépicier Amédée (de Bouconville)
1871-1874 Pagnier Prosper (de Bouconville)
1874-1887 Fontaine (de Bouconville)
1887-1891 Bourgeois (de Bouconville)
1891-1893 Piot (de Bouconville)
1893 Amboise Amédée (de Chermizy)

Maires.
1790 Debacq Sébastien
1799 Warnet Charles
1804 Mesureur
1807 Demoury
1828 Boucher Nicolas
1832 Saudron Hubert
1866 Bouché Ernest
1890 Hubert

Adjoints
1790 Boquet
1796 Compain
1799 Baillet, Compain
1817 Warnet C.
1822 Boucher N.
1828 Compain
1832 Boucher